Parce que demain s’invente aujourd’hui : la Société du Grand Paris a à coeur d’impliquer autour de ses lignes des artistes et des passagers, des habitants et des designers, aux côtés des architectes et des compagnons du chantier.
Laurent Le Bon, commissaire invité par José-Manuel Gonçalvès, et par ailleurs président du musée national Pablo Picasso à Paris, revient – aujourd’hui – dans cette invitation au voyage sur les deux Tandems qu’il a formés avec l’architecte Marc Barani – au Centre Technique de Vitry-sur-Seine avec Stéphane Thidet – et dans la future gare de Bagneux avec Tatiana Trouvé. L’exploration des prochaines gares du Grand Paris Express continue.
« Le suivi des tandems artistes – architectes est un accompagnement au long cours. Il faut imaginer un bateau et un équipage, composé des maîtres d’œuvre, des architectes, des ingénieurs, des artistes… »
Laurent Le Bon a débuté sa carrière à la Délégation aux arts plastiques du ministère de la Culture. « J’étais inspecteur de la création, un titre étrange, qui faisait un peu peur ! Bien entendu, je ne mettais pas de note aux créations… J’étais chargé de conserver un patrimoine important dans le cadre de la relance de plusieurs commandes publiques.»Une fonction qu’il revisite aujourd’hui avec son implication dans le projet artistique du Grand Paris Express : « Le basculement d’une œuvre dans l’espace public est toujours un moment fascinant. Elle devient accessible à tous. Mais ce qui compte, c’est l’inscription dans la durée. Ces commandes artistiques constituent un complément d’âme pour ce gigantesque chantier. Il faut donc être vigilant et penser à 10, 20 ou 30 ans pour ne pas décevoir les passants et autres passionnés qui, j’espère, viendront voir cet ensemble d’œuvres unique au monde. »
Conscient qu’il participe à la création de l’identité du Grand Paris Express, Laurent Le Bon pose un regard anticipateur sur les œuvres qui orneront les gares du nouveau métro : « Il y en aura fatalement qui plairont moins que d’autres. Certaines vont susciter l’enthousiasme, les plus originales seront sûrement à l’origine de nombreux débats… Une chose est sûre : elles constitueront un archipel, une constellation. Elles seront une photo de la création contemporaine à un instant T. Tous les acteurs impliqués veillent fondamentalement à ce qu’il y ait du plaisir pour tous et qu’un équilibre général au niveau des tendances esthétiques soit respecté. » Un équilibre dont il se doit d’être garant de par son expertise.
Et quand on lui demande justement en quoi consiste le métier de conservateur du patrimoine, Laurent Le Bon répond simplement : « Nous sommes des passeurs au service de l’art et des artistes, à l’écoute de ce monde qui nous fait rêver. C’est un métier passion, une sorte de trait d’union entre les artistes et le public. » En tant que commissaire associé à la direction artistique et culturelle du Grand Paris Express, assurée par José-Manuel Gonçalvès, il fait aussi office de relai entre les acteurs investis dans le projet : « Le suivi des tandems artistes – architectes est un accompagnement au long cours. Il faut imaginer un bateau et un équipage, composé des maîtres d’œuvre, des architectes, des ingénieurs, des artistes… Lors des réunions, la mission des commissaires est de mettre du liant, de faire en sorte que des univers différents se comprennent mieux. »
🖊️ Extrait d’un portrait de Laurent Le Bon, réalisé par la Société du Grand Paris, à retrouver : ICI
Tandems et effet miroir de Vitry à Bagneux
Je collabore avec l’architecte Marc Barani sur deux projets. Le principe était, avant toute chose, d’écouter et de comprendre ce qu’il voulait faire, puis de l’associer à deux artistes, en l’occurrence Tatiana Trouvé pour la gare Bagneux et Stéphane Thidet pour le Centre d’exploitation de Vitry. C’est très amusant, car ce sont deux œuvres complètement différentes. Celle de Bagneux se trouve à l’intérieur de la gare et est réalisée par une femme, la seconde est à l’extérieur du bâtiment, conçue par un homme. Cet effet miroir me plaît beaucoup
🖊️ Laurent Le Bon, lors d’un entretien à retrouver : ICI
Le centre d’exploitation de Vitry-sur-Seine est un espace de maintenance des trains longeant les voies ferrées. Marc Barani et Stéphane Thidet ont donc pris le parti de s’approprier le répertoire de l’architecture industrielle. Le premier, en concevant un bâtiment en brique avec des sheds, le second, en imaginant une œuvre qui dévoile les activités du lieu inaccessible au public, Stéphane Thidet a décidé de se brancher, littéralement, dessus. L’installation consiste en un immense filament partant du bâtiment pour se poser sur un poteau et finir par enlacer, en boucles, un deuxième. Le filament sera illuminé la nuit par l’énergie récupérée lors de l’arrêt des trains. Un geste artistique monumental, incongru et féérique, qui participe à l’insertion de ce centre d’exploitation dans la ville.
Le centre est un objet très industriel qui pose la question de la lecture de l’industriel dans la cité, donc de la place du travail dans la ville. Vitry a un passé industriel fort, mais, aujourd’hui, il n’y a plus de contact entre les univers du travail et de la résidence. On insiste toujours sur les ruptures, mais ce qui m’intéresse, ce sont les continuités, cette balance entre ce qui est nouveau et ce qui perdure.
📺 Marc Barani, lors d’un entretien à retrouver : ICI
Travail d’architecture troglodyte, l’œuvre de Tatiana Trouvé donnera l’impression de pénétrer dans une immense caverne où la lumière du jour disparaît au fur et à mesure que l’on pénètre dans la gare.
Jeu entre le rêve et la réalité, cette réalisation aura quelque chose de fantasmé, comme si un vent de folie avait traversé la gare. L’année à venir sera principalement consacrée à la réflexion sur la conservation des matériaux dans l’espace public. Ceux-ci seront importants dans la mesure où le paysage minéral de Tatiana Trouvé pourra être traversé, expérimenté. Cela me rappelle d’ailleurs l’œuvre de Marcel Duchamp, Prière de toucher
🖊️ Laurent Le Bon, lors d’un entretien à retrouver : ICI
Dans l’environnement, on sera cerné de béton texturé, donc avec une présence très forte de la matière pour évoquer une grotte. On a évidé la matière, le béton évoquera la roche, pour que les gens puissent se frayer un passage et descendre jusqu’à la mezzanine avant d’arriver à la gare elle-même.
📺 Marc Barani, lors d’un entretien à retrouver : ICI
Marc Barani & Stéphane Thidet & Tatiana Trouvé
Marc Barani
Marc Barani architectes est un atelier niçois qui prône la pluridisciplinarité au sein de ses équipes, et encourage la rencontre de l’anthropologie, la sociologie, l’économie, l’urbanisme ou encore la sculpture au cœur même de ses constructions. Marc Barani est lauréat du Prix de l’Équerre d’argent 2008 et grand prix national de l’architecture en 2013 pour la réalisation du pôle multimodal du tramway de l’agglomération niçoise.
Stéphane Thidet
Né le 20 mai 1974 à Paris, Stéphane Thidet vit à Paris et travaille à Aubervilliers. Il est diplômé de l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris (2002) et de l’École supérieure des beaux-arts de Rouen (1996). Il enseigne à l’École Supérieure d’Art de Nantes (volume et espace).
Tatiana Trouvé
Tatiana Trouvé est une artiste plasticienne née à Cosenza (Italie) en 1968. Elle vit et travaille à Paris. L’œuvre de Tatiana Trouvé se joue et du temps et de l’espace, qu’elle réinvente sans cesse. Ses œuvres, dessins en volumes, sculptures isolées ou espaces architecturés, qu’elle fabrique, tord, soude et assemble dans son atelier parisien, donnent corps à son expérience personnelle de la vie.
Lauréate du Prix Marcel Duchamp 2007, elle est aujourd’hui une figure majeure de la scène artistique internationale.
L’œuvre qu’elle crée en tandem avec l’architecte Marc Barani pour la gare Bagneux sera sa première oeuvre dans l’espace public en France.
La plus grande collection d’art dans l’espace public d’Europe [tandems artistes & architectes]
Pour chacune des gares, la Société du Grand Paris a souhaité faire appel à un artiste, pour concevoir une œuvre d’art pérenne, dans le cadre d’un processus d’implication originale. L’intervention artistique est le fruit de la rencontre entre deux univers esthétiques : l’architecte et l’artiste œuvrent en «tandem». Cette étroite collaboration se concrétise tout au long des différentes études de conception de la gare, permettant la création d’œuvres véritablement intégrées. La conception de ces œuvres d’art doit permettre d’assurer la qualité des espaces gares et de l’expérience voyageurs à long terme : la maintenance et la pérennité des oeuvres sont prises en compte dès leur conception.
Chaque jour, plus de 2 millions d’usagers seront au contact de cette collection d’art public, d’architecture et d’innovation urbaine à l’échelle du Grand Paris. Celle-ci participera au rayonnement national et international de la région Île-de-France, et constituera une nouvelle offre culturelle et touristique accessible à tous, faisant de chacune des 68 gares du Grand Paris Express un lieu de vie et une destination à part entière.
Les oeuvres des gares Grand Paris Express seront sublimes, en tant que création mais aussi dans leur rapport aux populations. Ces oeuvres appartiennent toutes à cette nouvelle histoire du Grand Paris.
José-Manuel Gonçalvès, directeur artistique et culturel du Grand Paris Express
📖 Dossier de presse : ICI