En ces temps de confinement exceptionnel, où pour la majorité nous sommes appelés à rester chez nous, les distances semblent infranchissables. Parce que demain s’invente aujourd’hui : artistes et architectes imaginent, célèbrent et bâtissent notre patrimoine du futur.
La Société du Grand Paris invite à une traversée tellurique et lumineuse, onirique et boisée au coeur des territoires du Grand Paris, à travers les prochaines gares du Grand Paris Express.
Arrêt Le Blanc-Mesnil — Métro ligne 16
Une mécanique en perpétuel mouvement
Installée dans un parc, la gare du Blanc-Mesnil invitera à la promenade. Voulant désenclaver un espace vert peu visible, le duo d’architectes Berranger & Vincent s’est inspiré du vocabulaire et de la structure des serres et des orangeries pour son projet. À la croisée de différents quartiers, la gare fédérera les habitants autour de nouvelles dynamiques et incitera chaque jour à prendre les sentiers de traverse.
En travaillant le verre, le métal et le bois, Berranger & Vincent créent une ambiance particulière dans la gare. Ces matériaux, traités de manière légère à la faveur de jeux de lames et de facettes traduisent une préocuppation pour la lumière autant que de l’ombre. Il faut imaginer ainsi, en descendant les escaliers de la gare, l’ambiance d’un sous-bois où la lumière ne vient jamais percer brutalement, mais se glisse entre les pas des passagers tout en lui laissant entrevoir le ciel et la végétation environnante.
C’est une architecture légère qu’on cherche à développer, à l’image des architectures de parcs ou même des orangeries, des serres horticoles.
Jérôme Berranger et Stéphanie Vincent
Creuser le décor et descendre sur les quais
Invitée à proposer une œuvre pour « ce petit bijou de gare » selon ses propres termes, Noémie Goudal imagine une performance vidéo qui serait tournée en un seul plan séquence. Le défi est technique puisqu’il nécessite d’enchaîner, dans un même mouvement de caméra, 5 différentes saynètes. Retransmise en boucle sur un seul écran, la vidéo joue de la durée et de la répétition pour accompagner le passage des usagers et mieux les interloquer. Est-on bien sûr de ce que l’on a vu ?
Ce sont les mouvements de descente et d’ascension qui m’ont intéressée dans ce projet, aussi bien les déplacements des usagers dans la gare que ce moment du projet où l’on creuse des tunnels sans être à l’abri de découvertes…
Noémie Goudal
En filmant l’histoire d’un décor qui se compose et se décompose, Noémie Goudal invite le spectateur au coeur d’un chantier perpétuel. Le temps permet ainsi de se perdre entre la fonction des gestes techniques et la fiction proposée par les décors ; comme dans une des œuvres antérieure de l’artiste Tanker.
Un extrait de Tanker à visionner : ICI
Le scénario est simple, presque dicté par l’ampleur du projet du Grand Paris. Après être descendue dans un tunnel, la caméra fime des machinistes en prise avec une architecture, dans une grotte qui pourraît être là depuis toujours ou construite pour l’occasion. Qu’est-ce qui est construit ou inventé, relève de l’homme ou de la nature ?
Noémie Goudal
À travers ses œuvres, Noémie Goudal questionne le paysage et l’architecture comme une construction du regard. C’est en étudiant les strates de l’espace photographié qu’elle s’attache à créer des perspectives éphémères qui questionnent l’image, sa représentation et ses possibles. Dans ce cinéma de l’artifice qu’elle déploie sur le plateau, la maquette qui évoque la gare par sa structure en bois devient un personnage à part entière et esquisse une archélogie de nos imaginaires.
Les tandems artistes & architectes du Grand Paris Express
Pour chacune des gares, la Société du Grand Paris a souhaité faire appel à un artiste, pour concevoir une oeuvre d’art pérenne, dans le cadre d’un processus d’implication originale. L’intervention artistique est le fruit de la rencontre entre deux univers esthétiques : l’architecte et l’artiste oeuvrent en «tandems». Cette étroite collaboration se concrétise tout au long des différentes études de conception de la gare, permettant la création d’oeuvres véritablement intégrées. La conception de ces oeuvres d’art doit permettre d’assurer la qualité des espaces gares et de l’expérience voyageurs à long terme : la maintenance et la pérennité des oeuvres sont prises en compte dès leur conception.
Chaque jour, plus de 2 millions d’usagers seront au contact de cette collection d’art public, d’architecture et d’innovation urbaine à l’échelle du Grand Paris. Celle-ci participera au rayonnement national et international de la région Île-de-France, et constituera une nouvelle offre culturelle et touristique accessible à tous, faisant de chacune des 68 gares du Grand Paris Express un lieu de vie et une destination à part entière.
Qui sont Stéphanie Vincent & Jérôme Berranger ?
L’agence Berranger & Vincent Architectes a été créée par Stéphanie Vincent et Jérôme Berranger. L’agence s’est distinguée en 2005 en recevant le prix de la Première Œuvre, puis en 2010 en étant lauréate des Nouveaux Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes. En 2012, elle acquiert une renommée internationale avec le prix « Europe 40 UNDER 40 ». L’agence a notamment réalisé le pôle Max-Jacob à Quimper, les projets Woody Wood et Hémêra à Nantes et la station de métro Jules Ferry à Rennes.
Qui est Noémie Goudal ?
Noémie Goudal est diplômée du Royal College of Arts et de la St Martins School à Londres. Son travail a fait l’objet d’expositions personnelles au Contemporary Art Museum de Ballarat (Australie,2019), Finnish Museum of Photography (Helsinki, 2018), Le BAL (Paris, 2016), The Photographers’s Gallery (Londres, 2016), le FOAM (Amsterdam, 2015). Son travail a rejoint des collections, publiques et privées telles que le Centre Georges Pompidou (France), la Saatchi Gallery (Angleterre), la collection Kiran Nadar (Inde), le FOAM Museum (Pays-Bas), le Winterthur Musem (Suisse). Noémie Goudal est représentée à Londres par la galerie Edel Assanti et par la galerie Les Filles du Calvaire à Paris.