Investiguer les transformations et méthodologies de la création artistique au prisme de l’urbanisme : rencontre avec Alexandra Lacroix, fondatrice de la compagnie de théâtre musical MPDA et directrice artistique de Voi[e.x.s], projet de création lyrique in situ mené avec la complicité de Marta Gentilucci et de l’IRCAM. Voi[e.x.s] est une création musicale et scénique in situ unique, initiée en 2017 sur le site de l’ancienne friche ferroviaire « Chapelle Charbon » réunissant habitants, artistes et chercheurs pour cueillir collectivement et célébrer artistiquement la mémoire d’un site en mutation, en devenir. En mai 2021, Voi[e.x.s] prendra toute son ampleur et résonnera dans l’immensité de l’espace nouvellement créé.
« Le projet ne se situe pas dans un théâtre mais au cœur de la ville, lié à un site qui a une histoire, des habitants. Il ne s’agit pas d’une boîte noire et cela ne laisse pas la même possibilité de déployer un imaginaire. »
Avec le projet Voi[e.x.s] que vous menez avec Theatrum Mundi, vous effectuez un déplacement de la scène à la ville. Comment est né cet intérêt pour l’expérience de la voix dans l’espace public ?
Alexandra Lacroix — Cette expérience est née de la rencontre avec Theatrum Mundi, John Bingham-Hall et Richard Sennett, qui m’ont approchée pour participer à un de leurs évènements. Alors qu’ils me proposaient de parler de ma recherche pluridisciplinaire, il m’a semblé pertinent de proposer une expérience sensorielle, d’entrer directement en contact en mettant en relation et au même niveau les chercheurs et les différentes personnes conviées. Mon objectif était de sensibiliser les participants par un travail physique et vocal qui modifie leur perception et leur écoute de la ville. La friche Chapelle Charbon m’a alors été proposée par le biais de Sebastien Penformis de l’Agence Taktyk. Cela a été un moment très fort de connexion aux autres et à cet espace hors norme. L’évidence d’y faire une création en a découlé.J’essaye toujours de relier les enjeux des œuvres musicales à des sujets de société. Voi[e.x.s] Chapelle Charbon est apparu au bon moment dans mon parcours, me donnant l’occasion de sortir du théâtre et de me confronter à un quartier aux problématiques complexes et passionnantes.
Le projet Voi[e.x.s] est attaché à un lieu spécifique que vous suivez sur un long terme et s’articule au travers de différentes relations avec des habitants, des associations, des musiciens. Quelle méthodologie avez-vous développée pour vous adapter à ce contexte et comment l’avez-vous faite évoluer ?
Alexandra Lacroix — Le projet ne se situe pas dans un théâtre mais au cœur de la ville, lié à un site qui a une histoire, des habitants. Il ne s’agit pas d’une boîte noire et cela ne laisse pas la même possibilité de déployer un imaginaire. C’est un déplacement très fort et d’autant plus spécifique qu’il n’est pas question seulement de décor mais d’un contexte fort, dans lequel il faut s’inscrire. Comme son nom l’indique, Chapelle Charbon a dans un premier temps était un lieu de FRET pour le transport du charbon puis de convoi postal, un terrain qui appartenait à la SNCF devenu petit à petit friche et zone de non droit. C’est un lieu qui s’est retrouvé habité par des personnes en situation d’exclusion, des usagers de drogues, des prostituées et qui n’était plus traversé. Après l’ achat de ce terrain par la ville de Paris, la décision a été prise d’établir un parc : une transformation importante et radicale. J’ai commencé comme tout projet : par une phase de recherche, sauf que dans ce cas précis l’œuvre était le lieu, le contexte devenu le sujet. La méthodologie est la même que lorsque je travaille à la mise en scène d’œuvre et que je cherche à en savoir plus sur son contexte de création. Ici, la différence est qu’il y a beaucoup moins d’écrits ; je ne vais pas chercher dans les livres, les bibliothèques mais auprès des gens. L’une des premières rencontres que j’ai faite a été celle avec le gardien du site lorsqu’il était en friche et inaccessible. Qui de mieux renseigné que le gardien des lieux ? François Besse, dont j’ai perçu l’intelligence et l’acuité dès notre première rencontre, était très investi dans sa mission, au point de connaître toutes les essences d’arbres qui y poussaient, l’histoire des rues alentours aussi bien que ce qui s’y passait, jour comme nuit. Il pouvait ainsi m’apprendre que le marteau qui avait attiré mon attention sur le quai comme objet d’activation sonore du site, était en réalité l’outil de défense de la prostituée qui vivait là, dont nous avons fait connaissance et dont nous avons pu enregistrer la voix, avant sa disparition au cours d’un mystérieux incendie de tente. La première étape a consisté en une collecte de récits de la vie passée et présente du lieu. Avec François Rougier, artiste associé de la compagnie, nous nous sommes rapprochés des associations, nous sommes allés voir les personnalités locales, nous nous sommes rendues à des événements de rue ou des concertations à la mairie. Nous avons rencontré ces figures référentes du voisinage, qui créent du lien et connaissent du monde comme des employés de la ville, des politiques ou chargés de missions qui assument l’urbanisme de ce quartier. Il a s’agissait de collecter les informations, aussi bien que de collecter les objets et les sons du site avant sa transformation.
« En dehors de l’usage premier de la ville, je peux amener un décalage, un moment de supension, un espace transitoire qui permette d’ouvrir d’autres espaces de réflexion individuelle ou collective. »
Le projet Voi[e.x.s] s’inscrit dans la durée, depuis 2017. Pouvez-vous revenir sur les différentes phases qui ont accompagné ou constitué la recherche ?
Alexandra Lacroix — L’œuvre partant du lieu et de ses habitants, il fallait donc s’y confronter et cela demande de prendre le temps de la rencontre et de prendre en compte le temps de la transformation du site : on a dû s’adapter. Une durée de 3 années imposées par les temporalités du chantier, avec ses différentes étapes. Je voulais accompagner cette transformation par des événements artistiques intervenant avant la destruction, pendant le chantier et pour l’ouverture du nouveau parc public et ainsi observer comment un travail musical et une même équipe pouvaient aborder un espace qui évolue. J’étais curieuse d’observer comment ces changements pouvaient influencer l’œuvre, les corps, les voix. Nous alternions ces moments de création avec des colloques et des actions culturelles. Nous avons mené avec l’équipe une soixantaine d’ateliers qui sont autant de zones de rencontres et de moments de sensibilisation. Il s’agissait à chaque fois d’alterner des temps de performances, des temps scientifiques et une dynamique d’atelier qui nous ramenaient à un nouveau cycle etc… Chacune des étapes a été l’occasion de me poser avec Marta Gentilucci, en charge de la composition, pour que nous envisagions ou ré-envisagions la création finale à partir de ce que nous avions expérimenté sur le terrain. Enfin, le temps final de création a été l’occasion de prendre du recul sur les 3 années passées et de nous approprier toutes nos collectes pour réaliser une œuvre artistique.
Que vous apporte votre expérience de la scène dans ce travail sur l’espace public ?
Alexandra Lacroix — Il est vrai que j’ai peu d’expériences dans l’espace public mais que j’ai une sensibilité à l’espace. Scénographe de formation en parallèle de ma pratique de la mise en scène, je sais comment occuper un lieu et prendre en compte ses caractéristiques, son public, sa place dans un écosystème. J’ai toujours intégré cette dimension du contexte dans mes spectacles en m’adaptant et en en considérant les spécificités que ce soit dans un théâtre parisien, d’un centre culturel du 93 ou d’une scène nationale en région. Il s’agit de prendre en compte un espace pour ses dimensions ou qualités acoustiques mais aussi pour ce qu’il fédère ou non. J’essaye d’identifier le public non pas pour adapter l’œuvre en elle-même mais pour mener une action culturelle efficace, proposer des débats et des échanges, en connaissance et conscience de la géographie et sociologie du lieu d’accueil. Je dirais en ce sens que, pour Voi[e.x.s], les murs du théâtre et le noir de la boîte ont disparu en faveur d’un contact encore plus direct avec l’environnement dans lequel on joue. La conscience que j’ai d’un espace va au-delà de son usage et cette capacité à le considérer comme une page blanche, à l’investir d’un imaginaire peut être un atout. Dans le cas de Chapelle Charbon, les habitants avaient une vision fonctionnelle du lieu qu’ils traversaient ou occupaient. Je pense que l’expérience que je propose dans cet espace public peut permettre d’explorer de nouveaux usages. Il y a une dimension esthétique sonore et visuelle dans ce projet et la volonté d’amener de l’imaginaire, du poétique dans ce parc – tout ce qui déplace et amène à réfléchir, rêver par le biais de l’expérience artistique. En dehors de l’usage premier de la ville, je peux amener un décalage, un moment de supension, un espace transitoire qui permette d’ouvrir d’autres espaces de réflexion individuelle ou collective.
« Observer, être ouvert à l’imprévu, on ne peut pas contrôler toutes les modalités et paramètres comme dans un théâtre. L’humain est toujours porteur d’imprévu mais dans la ville la part d’imprévus est démultipliée. »
Même question mais à l’inverse, qu’apporte à votre parcours cette influence de la ville, ces discussions avec des urbanistes ?
Alexandra Lacroix — Je suis encore pleinement dans ce projet et dans un temps de création… Il me serait difficile de répondre avec recul. J’occupe dans ce projet de nombreuses autres fonctions que celle d’artiste. Je peux dire aussi que je retiens cette nécessité d’une confrontation avec le quartier. Observer, être ouverte à l’imprévu, on ne peut pas contrôler toutes les modalités et paramètres comme dans une théâtre. Je veux dire, l’humain est toujours porteur d’imprévu mais dans la ville la part d’imprévus est démultipliée. On peut être parasité comme complété par la vie autour, c’est une contrainte qui peut aussi être porteuse de création. Il faut faire avec les obstacles, ce qui peut nous faire dériver et composer autour. Je pense que les situations extrêmes, comme celle d’un spectacle dans l’espace public, sont bénéfiques puisqu’elles poussent à la précision dans les choix ; il faut savoir très précisément ce qu’on va faire et comment on va le faire. Il faut d’autant plus de réflexions sur les modalités de création. Cela modifie ma façon d’aborder la scène ; en revenant à l’intérieur, je pense que les choses me paraitront plus faciles. Cela me fait traverser une situation hors de ma zone de confort analogue à celles que je propose habituellement aux instrumentistes que je mets en scène, sans possibilité d’avoir une partition sous les yeux et poussés à une incarnation, une incorporation de la musique au premier abord plus complexe mais qui s’avère bénéfique sur le long terme.Dans un autre temps, le travail avec les urbanistes et les chercheurs est aussi nourrissant. On parle beaucoup de pluridisciplinarité dans le milieu culturel mais souvent en restant dans des sphères artistiques. Composer avec des disciplines, des pratiques différentes mais encore plus lointaines relève d’un dialogue plus rare mais qui me semble maintenant évident. Travailler avec les différentes perspectives d’urbanistes et de sociologues nous permet de proposer un miroir de la société plus juste ; si je l’avais en tête dans mes lectures et dans mes recherches, il est vrai que cela ne passait pas forcément dans mon travail de création. Cette nouveauté, absolument essentielle, devrait intervenir dans chacun de mes projets. Mais pour le reste, je pense que c’est à Theatrum Mundi, qui documente sociologiquement le projet, de démontrer comment le dialogue a été bénéfique (ou non) dans les deux sens.
Vous parlez des liens du projet Voi[e.x.s] avec votre pratique personnelle. Pouvez-vous revenir au-delà de la méthode sur votre démarche de metteuse en scène ?
Alexandra Lacroix — Dans les projets que je développe avec ma compagnie, je pars toujours d’une œuvre musicale. Dernièrement je me suis intéressée aux Mélodies persanes de Camille Saint-Saëns prenant en compte leur contexte d’écriture et ce que ça voulait dire. Je me suis ensuite demandé quels sont les espaces d’échos et de résonance d’une telle œuvre dans notre actualité. J’ai trouvé l’écart cette fois assez grand, entre l’évocation pleine de désir de paysages orientaux du XIXème hérité des Mille et une nuit et le contexte de tensions géopolitiques que connaissent les pays d’Iran et d’Afghanistan. Ce fantasme de la Perse par rapport à la réalité contemporaine et aux réfugiés issus de ces pays que je rencontrais m’a interrogée. Je cherche à proposer des mises en regard et à ce que les œuvres continuent d’être jouées mais en faisant sens avec ce que l’on vit aujourd’hui. Je me demande à chaque fois quels fils tirer. Par exemple je travaille en ce moment sur Carmen mais j’ai mis plusieurs années avant de me sentir véritablement prête à aborder cette œuvre qui parle d’un féminicide. Je ne pense pas qu’en modifier la fin, à savoir le meurtre de Carmen, pour qu’elle soit entendue aujourd’hui soit forcément le meilleur choix, je veux au contraire mettre en perspective le meurtre et reconsidérer l’œuvre sous cet angle. Je trouve important de se demander de quoi il est porteur et de mettre en lumière les éléments problématiques pour que le public et nous nous interrogions, tout en bénéficiant de la beauté de ce qui a été écrit. A travers mes mises en scènes, je cherche à créer cet espace de réflexion et de résonance
« La musique composée pour cette création joue elle aussi d’imprévus ; nous avons donc pensé la bande électronique comme un repère mais qui ne fige pas les chanteurs dans une partition et les prépare à la mobilité. »
Dans la prochaine étape du projet, vous travaillez avec Mathieu Romano et l’ensemble Aedes qu’il dirige et vous lui proposez également ce déplacement. Quels sont les plus grands défis dans cette étape ?
Alexandra Lacroix — Les chanteurs sont mis en scène et déplacés dans leurs pratiques. Mathieu Romano est lui aussi dans ce projet, amené à se confronter au contexte de la ville avant d’arriver à l’objet artistique. Il est placé ici au même endroit que le metteur en scène ; c’est-à-dire qu’il ne peut pas diriger en live, il doit lâcher prise. Il ne peut pas guider physiquement ses chanteurs puisque le projet est immersif et que les chanteurs sont au contact direct des spectateurs. Cela nous déplace jusque dans la préparation où nous ne sommes pas en salle mais en ville et où il faut se préparer à jouer avec l’imprévu. Tout ne pourra pas être maîtrisé dans la représentation et l’on s’en remet entièrement aux interprètes pour qui c’est un travail de fléxibilité supplémentaire. Les conditions de l’extérieur rendent encore plus important le fait de se faire confiance, de faire confiance au collectif et, plus encore que dans un théâtre, le besoin de faire confiance à l’espace. Mathieu et moi aidons les interprètes dans ce travail de préparation, en leur donnant des marques, par exemple un dispositif scénographique qui agit comme un signal visuel et un repère sécurisant. La musique composée pour cette création joue elle aussi d’imprévus ; nous avons donc pensé la bande électronique comme un repère mais qui ne fige pas les chanteurs dans une partition et les prépare à la mobilité. Dans l’écriture dramaturgique, j’ai veillé conjointement avec Marta Gentilucci à ce que les conditions de représentations soit pensées elles-aussi dans la musique. Cela a nécessité une profonde et riche collaboration entre nous, plus que pour d’autres créations que j’ai pu faire ; il nous faut créer et dans le texte, et dans la musique cette cohérence et cette flexibilité qui doit permettre les bonnes réactions de la part des interprètes, possiblement destabilisés.
Vous avez pu échanger au sujet de cette expérience à Amsterdam avec d’autres artistes. Quelles observations communes avez-vous pu en tirer ?
Alexandra Lacroix — Le réseau enoa, impulsé par l’Académie du Festival d’Aix, avait proposé un workshop de réflexion sur la manière de penser des opéras dans la ville et j’ai pensé que c’était un cadre intéressant pour parler de cette expérience à Chapelle Charbon. Au sein de ce réseau européen qui accompagne actuellement la production de deux de mes opéras, j’ai pu rencontrer des équipes artistiques qui travaillaient sur des contextes similaires. Lors d’un temps de réflexion au Dutch National Opera avec Anthony Heidweiller, nous avons pu discuter des paramètres d’une création dans l’espace public et de la nécessité de venir à des endroits où l’on n’est pas attendu/désiré. Il faut faire preuve d’humilité et garder en tête que ce qui est nécessaire pour l’un ne l’est pas pour l’autre. L’objectif n’est pas de créer une gêne mais de faire venir une œuvre à leur rencontre ; cela demande d’être à l’écoute des habitants, de leurs contraintes et d’adapter les modalités de représentations. C’est un investissement temporel et autre qu’artistique important, dont je n’avais pas mesuré l’ampleur mais qui est nécessaire et fondateur pour la réussite du projet indissociable de son environnement. Dans ce contexte très particulier de l’in situ, qui sort de mes habitudes de travail, j’avais aussi besoin d’entendre d’autres expériences de ce type. On intervient dans un espace qui a des usages et il faut les faire cohabiter avec la création. C’est à la fois la difficulté et la richesse du projet qui mène, si l’expérience est réussie, à de nouveaux usages empreints de ce dialogue.
✒️ Entretien réalisé par Henri Guette pour bitume • jigsaw
Qui est Alexandra Lacroix ?
Alexandra Lacroix est metteuse en scène. Elle est diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris et a cofondé en 2007 la compagnie lyrique MPDA, devenue aujourd’hui un lieu de recherche et de créations pluridisciplinaires. Réunissant musiciens, comédiens, danseurs, plasticiens, elle explore la mise en corps et en espace de la musique et propose des spectacles ancrés dans la réalité d’un quotidien en contact avec les enjeux de notre société.
Elle a mis en scène ses spectacles aussi bien dans des tiers-lieux (Mains d’œuvres, Ateliers Wonder) que des scènes nationales (Besançon, La Rochelle), théâtres (Athénée Louis-Jouvet, 104) ou scènes lyriques (Opéra Comique, Musée d’Orsay, Opéra de Limoges). Parmi ses projets en cours soutenu par le réseau européen ENOA : Be My Superstar, a contemporary tragedy opéra immersif produit par LOD Muziektheater actuellement en tournée européenne, Carmen, cour d’assises en création avec la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, les Théâtres de la Ville de Luxembourg et la Fondation Gulbenkian. Depuis 2018, elle assure la direction artistique de Voi[e.x.s], projet de création lyrique in situ mené avec la complicité de Marta Gentilucci et de l’IRCAM, elle coordonne également toutes les actions de terrain et de sensibilisation ainsi que la récolte de tous les enregistrements de prénoms des habitants qui seront utilisés dans la composition. Elle accompagne ainsi la mutation de la friche ferroviaire Chapelle Charbon via des performances lyriques in situ en relation avec l’architecture et les habitants du quartier de La Chapelle.
Qu’est-ce que Voi[e.x.s] ?
Alors que la friche ferroviaire dite « Chapelle Charbon » commence sa mutation en parc urbain, Voi[e.x.s] est une création musicale et scénique in situ unique, initiée en 2017, pour célébrer avec les habitants la mémoire et le futur de ce lieu en commun, hors du commun. Pendant et après le réaménagement, les acteurs du projet transmettent ensemble les mouvements qui naissent du site et des récoltes, font résonner les prénoms des habitants avec l’architecture et la nature alentour pour en cueillir la mémoire et participer à sa mutation.
Créé par Alexandra Lacroix – de la Cie MPDA, la compositrice Marta Gentilucci – de l’IRCAM, et suivi et analysé par le centre de recherche Theatrum Mundi, Voi[e.x.s] s’inscrit sur un temps long comme création de savoirs ainsi que d’experiences sensibles. Il accompagne la transformation du site pour atteindre son acmé lors du premier printemps du parc transformé. Au fil des mois et jusqu’en mai 2021, de nouveaux ateliers et enregistrements sont organisés, pour contribuer à la création d’une œuvre scénique et musicale originale. D’un bout à l’autre du futur parc, perchés sur les balcons des immeubles voisins, juchés sur les toits des entrepôts alentour, les chanteurs et le public, ensemble, explorent en profondeur ets’approprient l’espace de Chapelle Charbon. En mai 2021, elle prendra toute son ampleur et résonnera dans l’immensité de l’espace nouvellement créé.