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Entre le sol et la cime des arbres : Feda Wardak et la puissance de la forêt

Un bois francilien bordant des quartiers aux noms forestiers : les Bosquets, le Chêne-Pointu, la Forestière, les Pommiers. Dans ce territoire – où sont implantés les Ateliers Médicis -, s’enracine l’exploration d’un royaume de l’enfance : une cabane haut perchée, quelques bandits du bois et une flore qui se révèle vivante la nuit. Des récits entremêlés dévoilent l’écosystème d’une forêt, son peuplement, ses visiteurs et sa force fantasmagorique. 

Une installation inédite, en plein contexte de rénovation urbaine et bouleversements écologiques

En-dessous, la forêt est une installation – produite par les Ateliers Médicis – dans la forêt de Bondy à Clichy-sous-Bois / Montfermeil. Conçue comme une œuvre entre le sol et la cime des arbres, elle accueillera cet été, une création chorégraphique, un cycle de rencontres scientifiques et permettra à chacun·e de la visiter ou l’habiter un temps.

Forêt de Bondy à Clichy-sous-Bois / Montfermeil

Entre intervention dans le paysage et scénographie ouverte, cette installation en plein contexte de rénovation urbaine et bouleversements écologiques, attestera de la puissance de la forêt, de son origine à son artificialité. La forme permettra d’habiter la cime des arbres autant que de se rassembler pour s’écouter, le temps d’une veillée, ou rencontrer des imaginaires lumineux et sonores, chorégraphiés par des artistes et des personnes animées par l’acte de création associés au projet.

En-dessous, la forêt, en trois temps

Dans un premier temps, – en décembre 2019 & janvier 2020 -, la construction d’une première cabane dans les bois alimente la rumeur aux abords de la forêt. La curiosité mène certaines personnes à chercher la cabane, qui devient un foyer nouveau où l’on fait entendre les histoires de la forêt. La cabane devient un espace d’accueil, un laboratoire de recherche, un plateau radio, un observatoire, un studio d’enregistrement, une fenêtre sur la forêt. C’est depuis la cabane que le projet se dessine. Dans un deuxième temps, le projet sera spatialisé à partir de ces récits et de ces imaginaires à l’origine d’une construction hors norme intégrant les arbres et soulevant les enjeux des sols et des sous-sols. Enfin, à partir du mois de juin, des représentations, des visites, des rencontres et des échanges auront lieu dans cet espace « nouveau », situé en plein cœur de la forêt.

L’ensemble du projet fait aussi l’objet d’un film écrit et réalisé par Romain Rampillon et Feda Wardak.

L’œuvre est conçue in situ par Feda Wardak (architecte, artiste-chercheur) en association avec la plate-forme Aman Iwan, par Jean-Yves Phuong (interprète, chorégraphe), par Romain Rampillon (réalisateur), par Ashvin Reekoye (artiste compositeur, écrivain) et par un groupe d’enfants-chercheurs de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil.

Qui est Feda Wardak ?

« La recherche est une étape indispensable dans mon travail. Elle permet de préparer et de penser une potentielle mise en action. »

Feda Wardak
Feda Wardak (à gauche) et Salem Messaoudi devant l’Arche de la Dhuys – Ateliers Médicis © Natacha Gonzalez

Feda Wardak est architecte-constructeur et chercheur indépendant. Il est artiste en résidence aux Ateliers Médicis, depuis 2018. Feda Wardak y a élaboré, à Clichy-sous-Bois et Montfermeil, le projet Puits de mémoire, associant des habitant·e·s à l’écriture d’histoires sur le territoire, l’eau et la forêt.

Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville en 2015, Feda Wardak co-fonde la plateforme Aman Iwan qui s’intéresse aux enjeux liés à des territoires à travers le monde, aux populations qui les traversent et à la manière dont ces microcosmes se développent indépendamment de l’aide des pouvoirs publics. Les recherches de Feda Wardak se concentrent principalement sur le district rural de Jeghatu, en Afghanistan.

Il est directeur éditorial de la revue Aman Iwan qui soulève des enjeux liés à ces territoires d’étude à travers le prisme des sciences politiques et sociales ainsi que de la géographie. Chacun des numéros de la revue s’articule autour d’une thématique qui fédère les différent·e·s cherch·eurs·ses du laboratoire de recherche Aman Iwan.

En parallèle, Feda Wardak développe des projets collectifs ou personnels au sein de l’atelier de création Aman Iwan. Ces projets sont de différentes natures : workshop (Biennale Internationale d’Architecture de Venise, 2018), installation artistique (MAC VAL, FRAC Nord-Pas de Calais, Ateliers Médicis), construction dans l’espace public, enseignement, commissariat d’exposition ou encore construction de lieux. C’est autour de ce dernier point qu’il construit des processus de recherche-action depuis plusieurs années et expérimente ou des actions de mise en partage de savoir et de savoir-faire entre différentes communautés avec des organisations politiques locales et autonomes. Ses recherches au niveau du district de Jeghatu, situé dans les zones tribales afghanes, le conduisent depuis 2012, à travailler avec des artisans afghans. Ces études autour des enjeux contemporains liés à la disparition du patrimoine culturel local ont permis d’engager des réflexions autour de la construction d’une école des savoir-faire.

Au niveau de la communauté urbaine de Dunkerque, il fait partie du collectif EN RUE, un groupe composé d’habitants de quartiers en rénovation urbaine, d’éducateurs de quartier, d’artistes, de sociologues, d’architectes… Ensemble, ils repensent des manières d’occuper l’espace public en prenant le droit d’intégrer les processus d’aménagement du territoire bien souvent exclusivement réservés aux technocrates.