bio

Fanny Béguély retrace une généalogie critique de notre relation au végétal, avec son film-essai Pneuma présenté dans Panorama 22

Pneuma, πνεῦμα⧵’pneu̯.ma⧵neutre. 1. Souffle : souffle du vent, expiration de l’air, respiration. 2. Souffle divin : Esprit divin, Saint-Esprit. 3. Air chaud responsable de la vie.

Fanny Béguély, Pneuma, Film, 2020 © Fanny Béguély

Dans la culture grecque primitive, le logos et le cosmos n’étaient pas encore séparés mais formaient un tout cultivé. Notre vie dans le jardin d’Éden devait-elle avoir été ceci : une célébration de la nature, y compris la nôtre, comme un don divin, avant de prétendre nous approprier la connaissance du bien et du mal ? À quelle époque de son évolution et au nom de quelle nécessité l’humain s’est-il séparé de la nature, et de lui-même comme nature ?
Pneuma est un film-essai entre fiction expérimentale et documentaire divisé en trois chapitres, qui interroge les soubassements de notre culture occidentale à travers une généalogie critique de notre relation au végétal. Par un détour biographique, la réalisatrice relie l’intime au politique, et rend sensible les liens entre héritage chrétien et avènement du capitalisme, produisant ce que Starhawk qualifie de culture de la mise à distance qui caractérise toujours le monde moderne. À l’heure où le vivant est menacé de toute part, où l’altérité est vécue sous le prisme du pouvoir et de la peur, le film tente de renverser le récit d’une tradition infidèle à la vie, où chacun est condamné à être en exil vis-à-vis de soi-même. Quand le végétal se meut à l’œil nu, quand des hommes s’accrochent aux arbres et que des plantes toxiques se vengent de l’humanité, c’est notre place au sein du cosmos qui semble à reconquérir. C’est l’urgence d’un « nous » multi-espèces à (ré)inventer.

Fanny Béguély, Pneuma, Film, 2020 © Fanny Béguély

Qui est Fanny Béguély ?

Fanny Béguély est née à Antibes en 1990. Sa pratique oscille entre le cinéma, la photographie et la performance. Elle a étudié la littérature en classe préparatoire à Nancy et le cinéma à l’Université Paris 3 et à l’ENSAV – École Nationale Supérieure d’Audiovisuel de Toulouse. Elle s’intéresse dans son travail au rapport à l’invisible, au vivant, à l’abolition des frontières entre le charnel et le spirituel, à la recherche d’une perspective moins anthropocentrée. Ses œuvres ont été présentées entre autres au BAL (Paris), à la galerie Jocelyn Wolff (Paris), aux Voies Off des Rencontres de la photographie (Arles), à Geste – Matérialité photographique (Paris), à Côté Court (Pantin), à Blow-Up – International Arthouse Film Festival (Chicago).

Fanny Béguély, Pneuma, Film, 2020 © Fanny Béguély

Qu’est-ce que Panorama 22 – Les sentinelles ?

Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains présente en conclusion d’une année d’échanges, d’expériences, de recherche, plus de 50 œuvres inédites dans les domaines de l’image, du son et de la création numérique, imaginées et réalisées par les jeunes artistes et les artistes professeurs invités. De tous les événements de l’année, Panorama devrait être celui qui porte le plus authentiquement la signature Fresnoy – Studio national, résultat de sa mission première, articulant formation, production et diffusion.

Alain Fleischer, directeur du Fresnoy – Studio national

Panorama 22 est placé sous le thème des sentinelles, un mot qui désigne plusieurs significations dont l’une permet d’évoquer la figure de l’artiste, aujourd’hui, pour sa part de vigilance, de voyance, de veille, d’éveil. La sentinelle est à l’avant-garde, à l’avant-poste. De l’aube à la nuit, elle scrute l’horizon, se pose au bord ou de l’autre côté du corps, de la vie, de la mort, elle éclaire l’autre monde, l’autre côté de la frontière, l’outremonde. Les œuvres de Panorama 22 explorent le rapport entre le réel enrêvé et le rêve éveillé, entre le sol et le ciel, entre le monde observé et la vision hallucinée, entre les ténèbres et la lumière. Elles inventent des images de transit, dévoilent des ombres et des abysses, proposent des constellations et des souffles. Elles se tiennent juste là, devant nos yeux écarquillés.

Louise Déry, commissaire de Panorama 22 – Les sentinelles

🕒  15 octobre 2020 > 03 janvier 2021

Qui est Louise Déry, commissaire de Panorama 22 ?

Louise Déry vit à Montréal. Elle détient un doctorat en histoire de l’art et dirige la Galerie de l’UQAM (Université du Québec à Montréal) depuis 1997. Elle a été directrice du Musée régional de Rimouski, conservatrice au Musée national des beaux-arts du Québec et ensuite au Musée des beaux-arts de Montréal. Commissaire de nombreuses expositions d’artistes canadien·ne·s et de l’international présentées tant au Québec, au Canada, qu’en Europe, aux États-Unis, au Mexique et en Asie, notamment avec Giuseppe Penone, Sarkis, Nancy Spero, Antony Gormley, Dominique Blain, Aude Moreau, Françoise Sullivan, Artur Żmijewski et le philosophe Jean-Luc Nancy, elle a été commissaire du pavillon du Canada à la Biennale de Venise avec une exposition de David Altmejd (2007) et de Solo Snow. Œuvres de Michael Snow et À Montréal, quand l’image rôde, au Fresnoy – Studio national des arts contemporains. Elle fut la première lauréate, en 2007, du Prix de la Fondation Hnatyshyn pour l’excellence de son commissariat et elle recevait en 2015 le Prix du Gouverneur général du Canada. Membre de la Société royale du Canada, elle a été faite chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres de France en 2016.