La fête, le désir et l’insomnie explorés à travers le film Fiesta Forever de Jorge Jácome, intégré au programme Le Fresnoy | Open Canal.
Le parti pris du film la temporalité sur une nuit, voix off en conversations téléphoniques renvoyant à une histoire passée intime, monde de la séduction, archéologie de la discothèque.
Luc-Jérôme Bailleul, directeur des productions du Fresnoy – Studio national
« Ici le temps ralentit parfois. Il accélère, il s’arrête, il recule ou il sort de son cours normal, ce qu’on connaît du temps normal. »
Extraits
Tu entends ? Ce sont des oiseaux ?
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Des oiseaux de nuit ? Ils ne dorment pas ?
C’est moi qui devrait dormir !
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Je ne sais plus combien de temps ça fait. Ça pourrait être quinze minutes ou une trentaine d’années. Ici le temps ralentit parfois. Il accélère, il s’arrête, il recule ou il sort de son cours normal, ce qu’on connaît du temps normal.
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Puisqu’ici on vit tout ce qu’on ne vit pas ailleurs, il ne reste plus qu’à vivre dans ce désir de jouissance.
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Discrètement, à chaque fois que je voyais une lumière plus forte, j’essayais d’attirer son regard vers mes yeux. Il continuait à danser normalement. Je le touchais discrètement, mais de plus en plus, comme par accident, comme si la foule me poussait vers lui.
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On ne va peut-être plus jamais se revoir. Je peux dire ce que je veux… Ou faire ce que je veux.
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J’aimerais bien être en vacances toute ma vie.
Tu penses à ta retraite ?
Ah non, je pense pas si loin, je pensais plutôt à la semaine prochaine… Arrêter de travailler, voler un bateau et partir.
Ah ouah ! Devenir un pirate.
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Je prends des notes rapidement sur mon iPhone pour ne rien oublier demain. Excuse moi de ne pas être très clair mais c’est tout ce que j’arrive à faire maintenant. Je crois que ça n’aura plus aucun sens demain.
Tu connais cette histoire d’Hitchcock qui se couchait avec un cahier à côté de lui pour écrire des histoires pendant qu’il dormait ?
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Une nuit, il a fait le meilleur rêve de toute sa vie. Il s’est réveillé au milieu de la nuit pour écrire son rêve et ne rien oublier. Il s’est recouché. Le matin il a ouvert son cahier et il a lu l’épiphanie de la nuit. C’était écrit : « un homme aime une femme ». J’ai peur d’avoir la même sensation demain.
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Il parlait de moins en moins fort, pour frôler mon oreille avec sa bouche. La soirée était finie. Ce n’est pas cet espace qui nous a réuni, ça ne nous a même pas donné l’espoir de trouver une autre vie.
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Qu’est-ce que tu fais dans la vie réelle ?
Comment ça ? C’est pas la vie réelle ici ? Je pensais qu’on était dans la vie réelle.
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Quelle heure est-il ? Il faudrait inventer une application qui montre la piste de danse en temps réel pour mieux voir quand est-ce qu’il faut venir.
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Je veux rester là où il y a un bon feeling.
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Je ne me souviens jamais de la fin d’une soirée. Je ne sais pas si je fais exprès ou si ça m’arrive à cause de mes excès…
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On a toujours deux possibilités : on peut croire dans un futur meilleur ou dans un futur d’apocalypse. Je préfère l’apocalypse parce que j’ai toujours su que je ne serais pas là pour le voir.
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Si je ne peux pas danser, ce n’est pas ma révolution.
Synopsis
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Jorge Jácome
Fiesta Forever est une oeuvre produite par Le Fresnoy – Studio national et a été présentée dans le cadre de l’exposition Panorama 18, sous la direction artistique de Laurent Le Bon.
Le Fresnoy | Open Canal
🎥 Fiesta Forever à (re)découvrir dans le programme Open Canal du Fresnoy | Studio national : ICI
Le Fresnoy – Studio national a lancé, dans le cadre du confinement actuel, un nouveau programme : Le Fresnoy | Open Canal.
Open Canal a présenté chaque jour, pendant deux mois, une œuvre coup de coeur produite par le Fresnoy – Studio national, en accès libre jusqu’au 31 mai.
Qui est Jorge Jácome ?
Jorge Jácome est né à Viana do Castelo (Portugal) en 1988 et a passé son enfance à Macao. Il est diplômé en réalisation et en montage de l’École supérieure de théâtre et de cinéma de Lisbonne. Son travail est fondé sur un processus très intuitif et sensoriel qui produit des films mêlant les dérives narratives, les relations inattendues et les rencontres insolites. Ses courts métrages ont été présentés dans de nombreux festivals au Portugal, en Espagne, en France, en Allemagne, en Slovénie, en Pologne et en Israël, et dans des rétrospectives au New Bedford Whaling Museum, CalArts – California Institute of the Arts, et à l’Institut des Arts de l’Université de Georgetown, à Washington. Il a fait partie de la promotion Alain Resnais (2014 – 2016) au Fresnoy – Studio national des arts contemporains, où il a travaillé sur un court-métrage, Flores (2017) subventionné par l’Institut portugais du cinéma et de l’audiovisuel (ICA). Il a produit au Fresnoy – Studio national les court-métrages A GUEST + A HOST = A GHOST (2015) et Fiesta Forever (2016).