Une série d’entretiens pour décrypter les cultures urbaines
I Love RBX aka l’Office de Tourisme de Roubaix décrypte les composantes remarquables car uniques de Roubaix et invite avec jigsaw l’équipe et les partenaires d’URBX Festival à explorer & à décrypter les cultures urbaines. À travers une série de notions et d’entretiens inhérents qui traversent, composent & propulsent la vitalité + l’alternativité de la création urbaine de Roubaix, se déployant depuis plus de 3 décennies et encore plus intensément très prochainement : à l’occasion de la 1ère édition d’URBX Festival.
Mikostic et Éric Rigollaud explorent la notion de ville
Mikostic est né à Roubaix dans les années 1970, où il a découvert le skate et le graffiti, dès les années 1980. Acteur incontournable de la scène roubaisienne, il y vit et y travaille toujours. Il a d’ailleurs participé à y installer le plus gros atelier d’un autre artiste de renom, JonOne, dont il est le premier assistant et directeur artistique.
Éric Rigollaud est né une dizaine d’années plus tôt et une centaine de kilomètres plus au sud-ouest de la France. C’est à Roubaix qu’il a fondé le Bureau d’Art et de Recherche – une association réunissant deux salariés et de nombreux bénévoles, qui œuvre à la promotion des arts de toutes disciplines depuis plus de vingt ans, pour susciter les rencontres, les curiosités et les ouvertures vers l’Autre. L’artiste et l’« agitateur culturel » – comme Éric Rigollaud a l’habitude de se définir – se connaissent depuis des années. Ils ont collaboré plusieurs fois autour d’expositions, d’invitations, mais aussi de parcours pensés et menés ensemble, pour décrypter Roubaix par l’art, sous toutes ses formes. Un entretien croisé mené par Horya Makhlouf pour jigsaw • bitume : faire le point, sur leurs expériences de Roubaix, de la ville = notion multiple + plurielle + composite à travers son histoire, leurs histoires et les mille chemins à y déployer par la culture au sens large.
« C’était surtout dans ces lieux, chaotiques, dark, que tout se passait. Ils étaient pour nous le plus beau des terrains de jeux. »
Mikostic et Éric, vous vivez à Roubaix depuis toujours ou depuis des années. Qu’est-ce qui a changé dans la ville depuis que vous y êtes ? Certains en sont partis, pourquoi y restez-vous ?
Mikostic – Je suis né à Roubaix, et j’ai connu une ville riche, industrielle, avec une architecture et des magasins emblématiques. Quand on était petits, il y avait des magasins de jouets comme Christiansen -– maintenant Jouet Club – ou des magasins de fringues pour femmes, qui étaient dans le centre et qui n’existaient même pas à Lille. Le centre du Nord, c’était vraiment Roubaix. Et puis, sur cinq-dix ans, on a commencé à voir la fermeture des usines, d’abord progressive puis très rapide, de la fin des années 1970 aux années 1980. Tout le monde partait, c’était radical. Roubaix est passée de la ville la plus riche du Nord à une parmi les plus pauvres. On l’appelle toujours : « Roubaix la ville aux mille cheminées », car elle était très industrielle. Il y a une place énorme des usines dans la ville, qui est restée. Toutes les entreprises et les ouvriers sont partis, mais il restait encore de la vie, et il y en a toujours aujourd’hui. À partir des années 1990, il y a eu des collectifs comme Chez Rita, Art Point M ou d’autres qui se sont installés à Roubaix, qui y ont trouvé de l’espace, et une grande liberté. Pour que les artistes trouvent de l’inspiration ou de la motivation, il faut qu’il y ait une sorte de chaos, que tout ne soit pas tout beau, tout propre. Le graffiti a trouvé toute sa place ici parce que les usines ont été vite investies. Elles sont devenues comme des musées à ciel ouvert, où les gens se sont connectés. Leurs murs offraient des kilomètres de surface libres à perte de vue. L’usine Terken par exemple – devenue un Décathlon – est devenue un spot mythique. C’était dans des lieux comme celui-là que les graffeurs ont commencé à se rencontrer, à la fin des années 1990. Il y a eu aussi des connections qui se sont créées grâce à des écoles comme l’ESAT ou Saint-Luc, à la frontière belge. Mais c’était surtout dans ces lieux, chaotiques, dark, que tout se passait. Ils étaient pour nous le plus beau des terrains de jeux.
Dans les années 1970-80, le graffiti, le hip hop et la musique électronique sont arrivés des États-Unis et pour certains aussi, comme moi, le skate-board par exemple. Avec cette vague de nouveaux supports, il a commencé à y avoir un peu de peinture à Roubaix. Au début, c’était un peu du copié-collé des Américains, par ceux qu’on appelle les « tontons ». Tout est arrivé très vite ensuite. Ça a créé une ambiance spéciale : les Roubaisiens c’étaient les méchants ; de l’autre côté il y avait les Lillois, enfin bref. Toute cette génération qui avait vingt ans, la mienne et celle de mes amis, venait d’une génération elle-même assez manuelle. Mon père par exemple était déjà artiste. Un de mes meilleurs amis est Nadjib Ben Bella, le fils de Mahjoub Ben Bella, l’artiste le plus représentatif de la région. Avec des gens comme ça, qui sortaient du lot et qui se sont connectés, des crews se sont formés. On se cherchait un peu, on mangeait des pâtes et on vivait en coloc. Tous ceux qui voulaient rien lâcher et absolument vivre de leur talent sont restés. Tout le monde a gagné sa place. Et personne n’est finalement vraiment parti.
On voyage tous, et moi aussi, beaucoup. À Roubaix, on est au milieu de Bruxelles, Londres, Berlin et Paris, où tu peux aller en une heure de TGV. Mais au final à Roubaix, tu t’y retrouves parce qu’aujourd’hui en 24h t’es à l’autre bout du monde, tu peux aller au soleil très vite mais au soleil, t’auras pas tes amis, il te manquera toujours quelque chose. À Roubaix aussi, il reste encore beaucoup d’artisans, des ferronniers, des menuisiers : on peut trouver toute cette petite fourmilière d’arts appliqués, et des espaces énormes. Les artistes ont besoin de ça, et de la lumière du Nord qui est particulière ici. À Roubaix, il y a tout : les terrains de jeu, la rapidité d’action, la facilité à trouver des matériaux et des artisans, c’est le b-à-ba. C’est des trucs simples, et en plus c’est convivial.
« Pouvoir sauter la barrière, à aller à la rencontre, créer des projets où on va pouvoir partager, faire tomber des idées préconçues, et être vraiment, comme disait Joseph Beuys, dans une dimension de « sculpture sociale ». »
Éric Rigollaud – Je viens du Sud-Ouest et j’ai migré vers le Nord. Je suis arrivé à Lille pour faire mon service civil, d’abord en toute petite périphérie, et plutôt par l’art contemporain. Mais à Lille, à l’époque, décrocher un rendez-vous était très compliqué, alors qu’à Roubaix on nous disait plutôt qu’il n’y avait pas d’argent mais plein d’opportunités. C’est donc là qu’a été lancé Art Point M, une association avec laquelle on a développé pas mal de formes. Ce qui m’a fait m’installer à Roubaix, c’est son côté métropolitain. Quand je suis arrivé, c’était une ville sauvage. Elle était détruite, mais on sentait une mémoire et une densité très fortes, à la fois architecturale, historique et humaine. Il y a ici une diversité énorme : on travaille avec des ressortissants d’Afrique de l’Ouest comme avec des jardiniers du coin, sans rien s’interdire. Ce qui est intéressant à Roubaix, c’est cette capacité à pouvoir sauter la barrière, à aller à la rencontre et à créer des projets où on va pouvoir partager, faire tomber des idées préconçues, et être vraiment, comme disait Joseph Beuys, dans une dimension de « sculpture sociale ».
Le Bureau d’Art et de Recherche, aujourd’hui, veut rendre les gens curieux. Roubaix me plaît pour son côté « ville d’arts appliqués » : une ville de savoir-faire, qu’un artiste contemporain va pouvoir utiliser pour créer. C’est une vraie richesse.
Il y a donc beaucoup d’ateliers à Roubaix et de possibilités de création à Roubaix, mais y a-t-il des possibilités pour faire circuler les œuvres ? Éric, tu as mis en place une structure de diffusion. Mikostic, toi, tu n’as pas de lieu de diffusion propre, et c’est plutôt les « institutions » de la ville qui diffuse tes œuvres dans l’espace public par exemple…
Mikostic – Ce qui est intéressant à Roubaix, c’est qu’on peut avoir des espaces conséquents pour pas cher, c’est vrai. Mais c’est surtout un lieu où tu peux prendre le temps de produire vraiment, pour ensuite diffuser. Il y a très peu de concurrence. Tout le monde se connaît et se côtoie, même si parfois on ne s’aime pas, bien sûr. Mais chacun ici essaye de trouver sa matière, son sujet, sans se mordre dessus. Il y a une immense liberté pour expérimenter des choses. Par exemple, moi, depuis très longtemps, je peins en pleine journée. J’ai commencé en posant des cônes et en portant une combinaison, parce que je n’étais pas rassuré. Mais très vite, la police a commencé à me faire des signes, les gens venaient me parler. J’ai donc commencé à aller plus loin, et à poser mes bombes directement près des endroits murés. Cette liberté est vraiment une caractéristique de Roubaix : il y a tellement de choses à voir que si tu fais ça bien, que t’es installé, en train de peindre et de mettre de la couleur, tous les habitants vont venir te voir en te disant merci de rendre la ville un peu moins triste.
Pour revenir sur la question des lieux de diffusion, je ne sais pas si c’est vraiment ce que l’on cherche à Roubaix. Éric a une galerie : c’est la plus petite mais c’est déjà suffisant. Avant, il y en avait une autre, qui a fermé depuis. Il y a aussi la Condition Publique, qui est un gros lieu culturel. Quand le musée La Piscine a débarqué, ça a vraiment ouvert la ville : je me souviens quand, il y a cinq-six ans, pour la première fois j’ai vu un car de touristes sur la Grand-Place de Roubaix, je me suis dit que c’était un signe que Roubaix s’ouvrait, vu que le tourisme fonctionnait.
ÉR – À Roubaix, il y a des gros pôles, des grands groupes, et des grandes entreprises qui continuent à s’installer. C’est vraiment un lieu de travail, de résidence et d’expérimentation, pour les entreprises comme pour les artistes. Cela fait partie du caractère de la ville, qui reste toujours en place avec les années.
« Ici, tout se frotte. »
Comment définiriez-vous ce caractère de la ville justement ? Ce que vous décrivez est plein de contrastes. Roubaix aurait été une ville sauvage et indomptable dans les années 1970-80, en opposition radicale à Lille. Mais, à vous entendre, aujourd’hui, tout a l’air paisible et heureux : on y travaille et on vit en harmonie. Roubaix se serait-elle assagie ?
ÉR – Roubaix n’a rien perdu de son ADN. C’est une terre de migrations, où les gens se côtoient, travaillent ensemble et font la fête ensemble aussi. Ici, tout se frotte.
Les premières éditions du festival URBX, par exemple – appelé « Expériences Urbaines / XU » jusqu’à cette année –, sont venus de différents acteurs qui étaient à la fois issus des milieux associatifs, institutionnels et artistiques. Pour nous, les plasticiens, c’était un peu plus compliqué parce qu’on n’était pas des intermittents et que le musée ne représentait pas encore les cultures urbaines. Mais il y avait déjà des compagnies, des associations qui faisaient un travail dans les quartiers. La ville avait mis à disposition des plateaux et des passerelles entre ces groupes-là et le CCN. C’est une dynamique ancienne de la ville d’être co-constructrice et co-responsable des projets. Aujourd’hui, une association a été fondée pour gérer URBX Festival : Cultures Urbaines Roubaix, qui dialogue avec des comités artistiques pour composer le festival.
La ville et le déploiement des cultures urbaines : en dehors d’URBX Festival, le politique aide-t-il vos actions culturelles à l’année ?
Mikostic – On a pris l’habitude depuis trop longtemps de faire beaucoup avec rien, ou presque. Le système est en place, il fonctionne, sans beaucoup de changement. S’ils avaient de l’argent, ils en donneraient sûrement. Après, ils ont des idées, et c’est parfois un problème car ça coupe le budget qu’ils pourraient donner à celles des autres. Mais c’est peut-être un peu récurrent dans les mairies, ce genre de problème. La politique culturelle municipale a toujours été compliqué mais je me demande si ça existe un endroit où tout se passe parfaitement bien… Depuis les premières éditions du festival, on a toujours fait ça gratuitement parce qu’on a surtout envie que les choses se passent, qu’on fait ça surtout pour la ville et ses habitants : d’une peinture à un événement, en passant par les petits cross de skate. À Roubaix, peu de gens sont bien structurés. Le problème c’est que les mairies ont besoin de ça pour être rassurées.
Un autre exemple concret : dans toutes les villes il y a normalement des murs qui deviennent des « spots légaux » pour pouvoir peindre. À Roubaix, on en a demandé un pendant des années sans qu’il nous soit accordé. On a fini par créer nous-même notre propre spot, sur un terrain de basket rue du Grand Chemin. On a auto-légalisé le coin. Ici, tu crées tes propres opportunités.
« C’est universel comme démarche : si tu veux un truc, il faut aller le chercher. Mais il y a quand même une vraie liberté à Roubaix. »
Comment est-ce qu’on auto-légalise un espace ? Et comment on organise soi-même l’espace d’une ville ?
ÉR – Par la présence !
Mikostic – Exactement. Il n’y a rien d’officiel sur le papier, mais tout le monde le sait maintenant et tout le monde va peindre là-bas. Il faut s’approprier l’espace.
ÉR – Et la mairie finit par donner son accord tacite. Ce lieu est devenu un « legal spot ». On agit d’abord et puis on essaye de normaliser ça avec la mairie, qui prend conscience alors de l’intérêt de ces projets, menés un peu à la berlinoise. C’est de la démocratie participative en fait, qui se fait directement dans la rue. On n’attend pas que ça descende du sommet, même s’il y a aussi des dispositifs qui descendent : le fonds de participation des habitants, par exemple. Est-ce le nom correct de l’initiative ? Ou budget participatif ?
Mikostic – C’est universel comme démarche : si tu veux un truc, il faut aller le chercher. Mais il y a quand même une vraie liberté à Roubaix.
À quoi est due toute cette liberté selon vous ? Au passé de Roubaix ? À la reconstruction qu’il a fallu faire de la ville ? Aux changements d’activité très brutaux ?
ÉR – On est ici sur une terre d’entrepreneurs. Ça, c’est dans l’ADN de Roubaix. Je suis agitateur culturel et activiste dans la vie et je reçois des jeunes artistes qui me demandent comment faire pour exposer : moi j’aime les accompagner dans leurs démarches. Et on ne présente pas que des grands artistes internationaux mais aussi des artistes émergents. C’est pas toujours « fameux » bien sûr mais il faut donner la possibilité d’être montré et de se présenter à tout le monde.
« Le micro-climat roubaisien. »
Mikostic – Je pense qu’il y a aussi une raison très simple, qui est géographique. On dit que certaines régions ont des micro-climats, et peut-être que c’est le cas de Roubaix. Par son positionnement, elle est proche de beaucoup de frontières. De l’autre côté, elle a des espaces incroyables. Mais aussi une population diverse, principalement algérienne, mais aussi marocaine et tunisienne… C’est toute cette ambiance qui fait le charme de Roubaix. Ici tu peux faire, tout simplement.
Dans quelle mesure est-ce que ce qu’on appelle les « cultures urbaines » qui se déploient dans la ville et qu’URBX Festival met à l’honneur tirent profit de cette liberté ? Est-ce qu’elles permettent d’explorer ce tissu urbain ? Est-ce qu’on peut espérer créer des communautés avec elles ou renforcer les liens avec les habitants de la ville ?
ÉR – On ne crée pas de communauté mais on fait se rencontrer des générations, au travers de balades urbaines, créatives ou non. On a élaboré les premières balades urbaines « organisées » à Roubaix avec Mikostic sans médiateur ou médiatrice qui aurait pu donner un discours fabriqué, déjà mâché mais un artiste qui arrive, lui, avec son aventure personnelle, sa technique et son savoir-faire. Et puis on reproche toujours à l’artiste de ne pas parler de son travail… Pour le public, être en direct avec l’artiste permet aussi de situer l’homme ou la femme devant soi, de saisir ce qu’il ou elle fait. Il ne s’agit pas de démystifier pour démystifier la parole de l’artiste mais de faire confiance à l’artiste dans la transmission de son propre travail, écouter ses mots et son récit. »
« C’est ça l’esprit de la ville : on est différents mais on se met des défis ensemble. On est camarades de jeu. »
Éric, tu viens plutôt de l’art contemporain, comment es-tu arrivé à t’intéresser aux « cultures urbaines » et qu’est-ce que cela veut dire pour toi ?
ÉR – Moi, je ne fais ni de l’art contemporain ni des cultures urbaines exclusivement. Ce qui m’a sensibilisé à l’espace urbain, ce sont des artistes comme Daniel Buren, des affichistes comme Jacques Villeglé ou des artistes du Land Art, qui, dans les années 1960-70, ont décidé de sortir des musées pour aller dans la rue. C’est un mouvement qu’avaient initié les Cubistes déjà, qui ont fait surgir le réel dans la toile avec les faux bois, ou en y introduisant des journaux ou des lettres. Je suis ce fil-là.
Quand j’ai rencontré Mikostic, on s’est rendu compte qu’on avait des intérêts communs. Alors je l’ai invité au B.A.R. une fois, puis plusieurs. C’est ça l’esprit roubaisien : on est différents mais on se met des défis ensemble. Et la rencontre a opéré. D’une manière très subtile, Mikostic m’a amené vers d’autres références. Depuis, on est camarades de jeu. Le street-art est un mouvement pour certains, une tendance pour d’autres, mais ce genre de classement ne m’intéresse pas. Il faut être en mouvement. Et, moi, je veux défendre des histoires de vies et de sens. Tant qu’il y a de la pensée, c’est tout ce qui m’intéresse – qu’on déploie cela avec des mots, des photos, et tout ce que vous voulez.
« Dans une ville, l’art est un bon moyen d’être inclusif, surtout quand on le mélange avec d’autres choses. »
Comment les parcours et les activités que vous menez changent le rapport à la ville des habitant•e•s ? Et des publics plus larges que vous amenez ?
ÉR – Il y a à la fois des gens extérieurs à Roubaix et des Roubaisien•ne•s qui peuvent découvrir ou redécouvrir la ville avec ce que l’on fait et présente. C’est aussi tout Ie paradoxe de la mobilité : d’ici, on est au cœur d’une certaine Europe, et en même temps il y a des gens qui ne sont jamais sortis du quartier du Pile ou de l’Epeule. Donc il s’agit aussi de les accompagner à ce niveau-là. L’art est un bon moyen d’être inclusif, surtout quand on le mélange avec d’autres choses. Au travers de l’art, on aborde des sujets qui peuvent parler à tout le monde, et la question de l’esthétique passe derrière. À travers des mots simples, on peut faire passer des émotions. Ça ne sert à rien de chercher absolument des discours savants, le rapport à l’art doit d’abord passer par l’émotion, et c’est ce qu’on essaye d’activer au B.A.R. et avec URBX. Précédemment, avec XU, on a réalisé peu de fresques, on organisait des performances, du live painting, des espaces où les gens pouvaient interagir et poser des questions… Depuis le début, avec Mikostic, on a mis en place des espaces d’accès libre à l’expression, accompagné ou non par des artistes. Les enfants, les parents et grands-parents pouvaient s’y exprimer librement. C’était un grand moment de partage et d’accueil, rendu différent par les années Covid, mais où on pouvait inviter des artistes internationaux et des Roubaisiens, à se rencontrer le temps d’un après-midi, autour d’un projet de fresque par exemple. J’espère que URBX Festival y arrivera aussi. Derrière il y a des contraintes administratives, des contraintes de production mais aussi du dialogue à mettre en place : pour les fresques, il y a un lien avec les habitant•e•s et des activités à créer toute l’année, qu’on organise avec les centres sociaux, les écoles, et le service culture de la mairie. Ce sont des actions qu’il faut aussi mener toute l’année avec des enseignants, autour de projets sur du plus long terme. Au-delà de mes intérêts personnels, c’est tout ça qui m’intéresse en même temps : créer des lieux de rencontre pour les artistes et pour les habitants.
Qu’est-ce qu’URBX Festival ?
Depuis 2015, le rendez-vous annuel Expériences Urbaines a accueilli à Roubaix plusieurs grands noms des cultures urbaines qui ont fait la ville et ont participé à son rayonnement : Brahim Bouchelaghem, Marion Motin, JonOne, 13Blocks… Auxquels s’ajoutent des artistes nationaux et internationaux tels que Jef Aérosol, C215, Ola Volo ou Emmanuel Unaji. Pour prolonger le succès grandissant de ce projet, l’association Cultures Urbaines Roubaix, avec le soutien de la ville de Roubaix, présente URBX Festival à Roubaix et en métropole lilloise du 15 au 26 juin 2022. La programmation d’URBX Festival a été orchestrée par un comité artistique constitué notamment des partenaires culturels historiques de la ville : La Cave aux Poètes, La Condition Publique, Le Bureau d’Art et de Recherche, ESMOD, Anti_Fashion Project, Parkour59, Le Ballet du Nord « CCN&vous ! », la Cie Zarhbat, le Flow.
Qu’est-ce qu’I Love Roubaix ?
I Love Roubaix est le signal de ralliement de l’Office de Tourisme de Roubaix qui fédère et rassemble les amoureux•ses d’une ville cosmopolite, bouillonnante, attachante, qui se dévoile à qui se donne la peine de l’écouter et la regarder. Une ville à l’état brut, qui a su tirer parti de ses richesses passées pour en créer de nouvelles dans l’air du temps, et de son patrimoine industriel foisonnant pour se réinventer en destination touristique. Roubaix, c’est aussi une ville où s’invente le monde de demain, avec le déploiement renouvelé exceptionnel des cultures urbaines à chaque croisement de rues et un engagement autour de la démarche Zéro Déchet, qui mobilise tous les acteurs de la cité. Roubaix et son incontournable musée La Piscine, c’est aussi, dans l’imaginaire collectif, la ville indissociable de Paris-Roubaix.