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La foule comme ensemble avec Lunzi Agbogan

Lunzi Agbogan explore la notion de foule

Lunzi Agbogan est un jeune Roubaisien ultra dynamique. Un pied dans la mode, un dans la musique, une main dans l’événementiel, l’autre dans la transmission pédagogique, il travaille en collectif pour pouvoir tout faire et tout relier. Membre d’Anti_Fashion et fondateur d’Artivist Nation, qui ouvre aujourd’hui la 1ère édition d’URBX Festival, Lunzi Agbogan a aussi son propre label de musique et a pour ambition de réunir les publics les plus variés autour d’événements culturels inclusifs et totaux, ou presque. On analyse avec lui : la notion de foule à travers un entretien mené par Horya Makhlouf pour jigsaw • bitume

Une série d’entretiens pour décrypter les cultures urbaines

I Love RBX aka l’Office de Tourisme de Roubaix décrypte les composantes remarquables car uniques de Roubaix et invite – avec jigsaw : l’équipe et les partenaires d’URBX Festival à explorer & à décrypter les cultures urbaines. À travers une série de notions et d’entretiens inhérents qui traversent, composent & propulsent la vitalité + l’alternativité de la création urbaine de Roubaix, se déployant depuis plus de 3 décennies et encore plus intensément très prochainement : à l’occasion de la 1ère édition d’URBX Festival.

Roubaix – La Condition Publique et Anti_Fashion Project : RBX System Africa © Anti_Fashion Project

« Réunir des industriels, des étudiants et des citoyen·ne·s pour repenser la mode tous ensemble. »

Tu fais partie du collectif Anti_Fashion depuis qu’il s’est installé à Roubaix. C’est vous qui organisez, le 15 juin, l’événement qui ouvrira le festival URBX : une grande Afro Live Party à La Condition Publique ainsi que le défilé performance de samedi No Gender, toujours à La Condition Publique. Peux-tu nous raconter son histoire et les raisons pour lesquelles tu l’as rejoint ?

Lunzi Agbogan – Anti_Fashion a été créé par Stéphanie Calvino en 2016 et inspiré du manifeste d’une prescriptrice de tendances qui s’appelle Lidewij Edelkoort. Dans son texte, elle disait que si la mode continuait à fonctionner sans faire sa révolution, elle allait mourir. Stéphanie est tombée amoureuse de ce texte. Elle a contacté Lidewij et a voulu créer avec elle un cycle de conférences, où elle a réuni des industriels, des étudiants et des citoyen·ne·s pour repenser la mode tous ensemble. L’idée d’Anti_Fashion, c’était de voir comment on pouvait la transformer en la rendant plus inclusive, plus écologique, etc. Tout ça c’était en 2016, à Marseille. Après, avec Sébastien Kopp de Veja, ils ont imaginé un cycle de mentoring pour intégrer les jeunes des quartiers à ce genre d’initiatives. Ils sont partis du constat que c’était dur d’intégrer le milieu de la mode quand on n’a pas les bons codes, et que les études dans ce milieu coûtent hyper cher, et ne sont donc pas forcément faciles à poursuivre… 
La Redoute a été intéressée par l’idée, et une collaboration est née entre les trois. C’est comme ça qu’Anti_Fashion est arrivé à Roubaix, en 2017. 
Pour ma part, j’ai toujours été intéressé par la mode. Je suis d’origine congolaise : la sape fait partie de ma culture et on a toujours eu un rapport avec ça. J’avais un souci : je ne trouvais pas forcément ce que je voulais dans les magasins, les vêtements ne me parlaient pas toujours… C’est comme ça qu’Anti_Fashion nous a appâtés au début. J’avoue qu’au départ je n’étais pas trop sensible aux questions d’écosensibilité et de responsabilité écologique, et c’était plutôt la question du handmade et le fait de pouvoir faire les vêtements que tu veux qui m’intéressaient. Mais la démarche toute entière a fini par me plaire, parce que c’est une manière de sensibiliser le plus grand nombre de manière douce et attractive. 
Dans le cycle de mentoring, on a commencé à nous parler d’écologie mais on nous a aussi appris la couture et l’histoire de la haute couture. On a été confrontés à de nombreux réseaux grâce aux sorties et aux rencontres organisées par Anti_Fashion. Ça a été assez révolutionnaire pour moi parce que j’ai toujours été habitué à me débrouiller seul, mais le fait d’avoir un appui comme ça a été précieux. De fil en aiguille, le projet m’a tellement plu que je me suis investi encore plus dans l’association. J’ai d’abord géré la partie communication, les réseaux sociaux, et j’ai commencé à m’occuper des événements. 
On a créé la performance en 2019, dans le cadre du festival Cultures Urbaines. Et là on arrive à la quatrième année. On continue également les collaborations avec des marques, des sorties, et du mentoring : et, maintenant, je m’occupe des jeunes qui y participent d’ailleurs. Il y a une passation qui se fait comme ça au fur et à mesure des générations. 

­Roubaix – La Condition Publique et Anti_Fashion Project : RBX Made in Street, 2019 © Anne Loubet

« Faire de Roubaix un vrai pôle : le rendre attractif et y faire venir les Parisiens comme les Belges, les Londoniens, les Allemands… »

Et ton histoire à toi, peux-tu nous la raconter ? 

LA – Je suis né à Lille et ai emménagé à Roubaix en 2002, donc ça fait vingt tout pile que je suis Roubaisien. J’ai fait mon lycée, ma fac et eu mes premiers emplois à Roubaix — mes bureaux sont là encore. Je vis de mon activité à Anti_Fashion mais j’ai aussi un volet musical puisque j’ai un label de musique, dans le cadre duquel je m’occupe d’artistes, en management et en édition. Je travaille avec pas mal de compositeurs dont un principal qui s’appelle Heaven Sam, avec qui on place pour la plupart du game « urbain » en France, en Belgique, au Pays-Bas et même en Afrique. J’ai un studio d’enregistrement qui s’est même installé à La Condition Publique, on l’appelle la Galerie : un studio créatif dans lequel on prototype les hits de demain et leur visuels. 
J’ai fait des études de commerce à la base, mais j’ai toujours été autodidacte. J’ai commencé l’art par la danse, en 2010. J’étais tout jeune à ce moment-là et, à Roubaix, la danse afro n’existait pas encore. Avec mon groupe, on a été assez précurseurs sur son introduction ici. On faisait que danser de l’afro au départ, mais au bout d’un moment on s’est dit : « Pourquoi est-ce que l’on danse sur les sons des autres alors qu’on pourrait créer les nôtres ? » Donc on a commencé à créer nos propres instrus, en se formant un peu tous seuls. Et puis on a progressé et on a fini par se dire : « Mais si maintenant on sait faire les instrus, pourquoi on chanterait et rapperait pas nous-mêmes dessus ? » On était en 2012 à l’époque, avant que percent des rappeurs comme MHD, etc. Après, c’est la vie du groupe, chacun a ses histoires et ses propres ambitions, donc on a fini par se disperser un peu. Moi, j’étais toujours animé par la mode. Donc parmi les premiers trucs que j’ai faits, j’ai commencé à vendre des vêtements, mais sans avoir plus de bagage que ça dans le commerce. J’ai voulu me former plus et je me suis inscrit en BTS relations clients. Et puis j’ai voulu voyager, donc je me suis inscrit en licence commerce international. J’ai poursuivi les études et mon parcours a dévié un peu parce que la musique est revenue. Je me suis dit que je pourrais me servir des compétences que j’avais acquises pour créer une économie autour des trucs que j’aimais faire. Et tout ça m’a beaucoup ouvert. L’industrie de la musique, aujourd’hui, est très centralisée et se concentre essentiellement autour de Paris. Mais je voulais faire de Roubaix un vrai pôle, le rendre attractif et y faire venir les Parisiens comme les Belges, les Londoniens, les Allemands… Roubaix est déjà un vrai centre névralgique en termes de logistique et d’industrie textile notamment. Tout le monde transite par cette ville, pourquoi ça ne marcherait pas pareil avec la musique ? Pour contrebalancer cette centralisation de l’industrie, j’ai lancé mon label et j’espère que ça portera ses fruits.

Roubaix – La Condition Publique : ouverture du festival Pile au RDV en collaboration avec Anti_fashion Project, Minirine, Wawa L’asso et Exit FRAME © Julien Pitinome

« « Ensemble on est plus forts » : si on connait les attentes de chacun, et si on fait les trucs ensemble dès le début, on réussira mieux. »

Donc pour toi, Roubaix incarne des révolutions – de l’industrie textile à celle de la mode, de la musique, en quelque sorte tu perçois la ville et plus globalement le processus de création comme un hub artistique et culture à part entière ? 

LA – On commence à avoir des infrastructures dédiées à la culture et à la musique, mais c’est vrai qu’elles ont longtemps manqué. C’est un débat qu’on a souvent avec mes amis. Parfois j’essaie d’identifier des causes mais c’est difficile d’incriminer des personnes ou des institutions… Ce que j’en conclue aujourd’hui c’est qu’on a surtout un manque d’exemples pour montrer que c’est possible de changer la donne. Il y a eu des Axiom  à l’époque, mais comparé à Paris où, chaque année, il y a des nouveaux artistes qui émergent et percent vraiment, on reste assez peu visibles à Roubaix. Même si aujourd’hui, on a un ratio intéressant d’artistes dans la lumière  comparé à d’autres villes, ces 10 dernières années , on a eu 4/5 rappeurs qui ont émergé mais forcément vu le nombre d’artistes talentueux qu’on a ici ça reste peu 
Je pense aussi qu’il y a un manque de savoir pour les jeunes artistes. Il existe des ateliers d’écriture – je suis passé par là quand j’étais ado – dans les MJC et les associations. Il y en a une qui s’appelle Da-mas, où j’ai fait un service civique, et où j’ai donné des cours pendant quelques temps. À l’époque, ils mettaient des studios d’enregistrement à disposition des jeunes artistes pour une somme modique : 5 € de l’heure, quand dans les gros studios ça montait à 25 ou 30 €… Donc c’était vraiment une chance : pour une petite somme, tu « gagnais » un studio, mais aussi une ambiance propice à la création et, ensuite, la possibilité de faire des concerts. Ce sont des initiatives comme celles-là qui permettent de favoriser l’ambition artistique. 
Avec le recul, je trouve qu’il y avait quand même un savoir qui manquait. Le problème, c’est que tu ne peux pas savoir qu’il te manque du savoir si tu ne sais même pas ce que tu cherches. Et c’est après, quand tu découvres les coulisses, que tu te dis que ça aurait été plus facile si tu l’avais su avant. Aujourd’hui, c’est pour ça que je fais du mentoring : pour rendre un peu de ce que je sais maintenant aux autres, et peut-être faciliter le chemin. 
C’est ce qu’on fait avec Anti_Fashion, mais je suis aussi en train de créer ma propre association : Activist Nation, avec laquelle j’espère faire comprendre qu’il y a une transversalité entre les disciplines culturelles et qu’il faut la valoriser. Je vois l’art comme un grand pays, mais j’ai l’impression qu’il y a des manques de communication à travers les régions. Même dans la musique, il y a des intervenants qui sont obligés de travailler ensemble mais qui ne connaissent pas les attentes de chacun. Je le vois avec les beatmakers par exemple : ils créent des productions mais sans se dire que des gens chanteront dessus ensuite. Ça pose problème parce que la manière même dont ils conçoivent leurs morceaux fait qu’ils ne se prêtent pas à ce qu’on pose une voix dessus. De l’autre côté, le rappeur pense à poser ses couplets mais sans savoir comment embellir son morceau. Et encore au-delà de ce duo, il y a les danseurs, qui devraient être corrélés à tout ce processus de création selon moi mais qui viennent toujours après. 
Le hip hop a démarré comme ça, en surfant sur une énergie totale. Tout le monde touchait à toutes les disciplines et les échanges se faisaient plus spontanément. Aujourd’hui, quand tu vois les équipes, tu ne vois pas forcément traîner ensemble un compositeur, un rappeur, un DJ et un danseur. Chacun essaye plutôt de tirer dans son coin, et ça encourage une attitude de consommation des uns par rapport aux autres. 
C’est un peu utopique de se dire simplement que « ensemble on est plus forts », mais je le pense quand même que, si on connait les attentes de chacun, et si on fait les trucs ensemble dès le début, on réussira mieux. Ça pourrait aller encore plus loin : il y a des photographes et des vidéastes qui veulent s’intégrer dans la musique, sans savoir comment. De plus en plus, à ma petite échelle, j’arrive à ramener des artistes musicaux vers ces photographes et vidéastes, et à créer les conditions d’un dialogue. Mais de base, ils devraient pouvoir s’intégrer naturellement dans cette chaîne de production-là, parce que l’artiste est obligé de se construire un écosystème complet pour pouvoir créer tranquillement. 
Le problème, c’est qu’ils n’arrivent pas encore à fédérer toutes les compétences et à intégrer cette dimension d’art total, parce que la part artistique de leur travail n’est pas encore au point… Mais l’artistique n’est pas encore au point parce qu’ils n’arrivent pas à intégrer d’autres compétences… C’est le serpent qui se mord la queue. 
Pour sortir de cette impasse, il faut réussir à communiquer et à travailler ensemble. Pour changer ce rapport, c’est important de nous élever nous-mêmes. Et pour cela, il faut qu’on travaille ensemble, pour donner une vraie stature à nos arts, à Roubaix et ailleurs. Il faudrait que tout le monde apprenne à communiquer entre corps de métiers différents mais bon, c’est encore un autre problème…

Roubaix – La Condition Publique et Artivist Nation : Afro Live Party, mai 2022 © Alpha Bandit

« Le hip hop a démarré comme ça, en surfant sur une énergie totale. Tout le monde touchait à toutes les disciplines et les échanges se faisaient plus spontanément. »

URBX Festival est entièrement dédié à ce qu’on appelle les « cultures urbaines ». Qu’est-ce que cette expression recouvre selon toi ? Comment la musique et la mode entrent-elles dans la galaxie « cultures urbaines » ?

LA – Je trouve que « cultures urbaines » est un peu fourre-tout pour parler des cultures de la rue et qu’il ne veut pas dire grand-chose selon moi. Il y a eu récemment une polémique autour d’Aya Nakamura, dont on a dit qu’elle faisait de « l’urbain ». Mais comment peut-on la mettre dans la même catégorie que celle dans laquelle on range Niska ou Gazo par exemple ?
La première fois que j’ai entendu ce terme d’« urbain », c’était dans une maison de disques en 2018. J’avais fait un morceau avec Universal, et ils avaient fait venir un directeur artistique spécialisé « urbain ». Mais ça voulait juste dire qu’il s’y connaissait dans le rap en fait. Des classements que je vois, je comprends que « urbain » veut souvent dire « rap » ou « issu des banlieues et des quartiers ». 
Mais que veut-on dire par « pop urbaine », par exemple ? J’avoue que je ne comprends pas. Ce que j’en analyse, c’est qu’on met dans cette catégorie des personnes qui font de la musique « ambiançante » et qui viennent des quartiers, du genre Naza ou Aya Nakamura. Mais pourquoi ce ne serait pas juste de la pop ? 
Dans sa rythmique, Aya Nakamura utilise beaucoup zouk ou dancehall, d’autres artistes utilisent beaucoup samples ou de melodies issus de musiques afro-descendantes. Aujourd’hui, les cultures africaines ont un impact hyper important sur la musique. En novembre 2021, dans le top 10 des morceaux en France, 7 sons sur 10 empruntaient leurs rythmique à la musique afro, mais les gens ne le savent pas forcément puisqu’ils n’ont ni l’oreille ni l’habitude de ces sonorités. Je les connais bien personnellement parce que j’y suis né, mais quelqu’un qui n’a pas cette culture ne va pas reconnaître d’elle-même la provenance de ces sonorités.

Roubaix – La Condition Publique : ouverture du festival Pile au RDV en collaboration avec Anti_fashion Project, Minirine, Wawa L’asso et Exit FRAME © Julien Pitinome

« « Cultures urbaines » voudrait dire « cultures de la rue », d’accord, mais dans la rue on croise des personnes multiples et variées et je ne crois pas que ces mots prennent en compte toute la diversité… »

Dans nos précédents entretiens, nous avons eu plusieurs définitions de cette dénomination de « cultures urbaines » et on voit bien que la réponse est une question de génération, d’origine, etc…  Que peut-on faire pour se mettre d’accord sur cette expression ? Faudrait-il la renommer ? 

LA – La renommer apparaît difficile parce qu’il y a beaucoup de gens qui s’identifient aux « cultures urbaines » aujourd’hui. Mais peut-être que l’on pourrait en donner une définition précise et transparente. « Cultures urbaines » voudrait dire « cultures de la rue », d’accord, mais dans la rue on croise des personnes multiples et variées et je ne crois pas que ces mots prennent en compte toute la diversité… 
C’est un terme qui est arrivé à une période où les gens ne comprenaient pas encore ce qu’il recouvrait, parce que ceux qui l’ont choisi n’étaient pas issus des quartiers. Maintenant l’appellation ne suffit plus ; elle est tellement répandue et elle compte tellement de déclinaisons que, dire de quelque chose que c’est de l’« urbain » est réducteur. Aujourd’hui, il y a des gens qui ont grandi à la campagne qui font de la musique « urbaine »… Est-ce que l’on devrait appeler leur musique de la « culture rurale » ? Et pourtant ils sont dans le même bateau que nous, et ils font de la musique très similaire… 

Roubaix – La Condition Publique et Artivist Nation : Afro Live Party, octobre 2021 © Selection nationale

« Rassembler : créer des occasions qui n’existaient pas et qui répondent aux besoins et aux envies d’une foule qui n’avait pas de lieu pour se retrouver, ni même pour se constituer »

LA – Pour ce qui est de la musique, dans nos Afro Live Party : on essaie de casser le troisième mur, et d’intégrer le public dans nos créations. Si je vais voir, de moi-même, un spectacle qui n’est pas pensé pour moi ou qui ne cherche pas à m’impliquer, je vais avoir tendance à me casser facilement. J’aime mieux ceux qui font en sorte d’intégrer leurs spectateurs et de les impliquer pour de vrai. C’est ce que je reproche aux restitutions par exemple, et c’est pour ça que je suis contre ce genre de rendu, parce que je me dis toujours : en quoi la forme finale du travail est censée nous intéresser plus que tout ce qui l’a fait émerger ? Dans la communication, il y a l’idée de faire passer un message dans la durée, et elle est donc intéressante à écouter dans son écoulement. Et ça doit partir de l’individualité et de la prise en compte d’une individualité.
On est toujours le fruit de notre génération et de notre environnement. C’est ce qui fait qu’on arrive à comprendre des codes. Quand on réfléchit, on réfléchit naturellement à ce qui va parler à nos contemporains, et c’est dans ce sens que je pense aux foules. En général, dans les événements avec Anti_Fashion, on a une certaine facilité à rassembler parce qu’on crée des occasions qui n’existaient pas et qui répondent aux besoins et aux envies d’une foule qui n’avait pas de lieu pour se retrouver, ni même pour se constituer. Je pense que c’est ça qui séduit et qui fédère. 
J’ai créé ce concept d’« Afro Live », qui se décline en « Party » et en « Battle ». L’idée de départ vient du fait que je suis issu de la communauté afro et que j’ai toujours prôné cette identité. À l’époque où il n’y avait que du hip hop, j’étais bercé par deux influences : d’un côté, mon n’écoutait que du rap ; de l’autre, mes parents que de la musique africaine. Mais quand je sortais de la maison, j’avais du mal à trouver des références parce que je n’entendais ces sonorités que chez moi. Je me suis dit que je n’avais qu’à les créer moi-même dans ce cas. Au départ, j’ai commencé à danser, et puis je suis allé vers d’autres trucs. Les gens qui aimaient ça ont continué à danser de l’afro, mais dix ans après que j’ai arrêté de danser moi-même, je me suis rendu compte qu’il n’y avait toujours pas de battle ni d’occasion de se retrouver, alors que c’est au cœur de la culture afro ! Maintenant, je suis dans la musique, mais je voulais que tout communique : que les DJ, les compositeurs et les danseurs créent un truc tous ensemble. La musique serait sublimée par l’énergie de la danse, et la danse entraînée par la musique. 
J’ai organisé le premier battle dans le cadre de Pile au RDV de La Condition Publique, l’an dernier et ça a marché de fou. Personne ne s’attendait à un tel succès : les gens se poussaient devant les portes avant même qu’elles ouvrent, pour être sûrs d’avoir les places devant. On était un peu en retard et on a commencé à me presser pour que l’événement commence tout de suite parce que les gens dehors qui attendaient étaient trop impatients. C’était un truc de dingue, on n’avait jamais imaginé ça. À la fin de l’événement, les gens ne voulaient même pas partir. La Condition Publique devait fermer la salle à 20h, et je commençais à entendre des commentaires du genre « ça ferme trop tôt » ou « Q’est-ce qu’on fait maintenant ? » Et c’est pour ça qu’on a créé l’Afro Live Party à la suite du Battle : pour donner une occasion aux gens de s’enjailler pour de vrai. 
Pareil, la première Party devait fermer à 22h et les gens ne voulaient pas partir. Le 13 mai, on en a fait une autre jusqu’à minuit et même problème : les gens ne voulaient toujours pas partir après. La Condition Publique, au début, était persuadée qu’après minuit les gens ne voudraient pas rester à Roubaix et que ça ne servait à rien de faire durer l’événement trop tard. C’est normal si on n’a qu’un public lillois, mais à Anti_Fashion, on est tous – ou presque – de Roubaix, donc on sait que les gens d’ici avaient besoin d’une occasion pareille et qu’ils pourraient rester jusqu’au bout de la nuit si on leur permettait. 
Donc là, aujourd’hui, je suis « obligé » de chercher un After pour la Party du 15 juin, parce que je sais qu’une fois qu’elle sera finie je vais me faire tirer les oreilles si je n’ai rien à proposer… La dernière fois, les gens se sont retrouvés à Eurotéléport tellement ils avaient envie de continuer ! À Eurotéléport ! Comme s’il y allait avoir une manifestation, c’était trop bizarre cet attroupement là-bas… Voilà, tout ça pour dire que quand t’as les codes, que tu comprends les envies des gens et que tu crées les occasions pour répondre à des besoins, c’est sûr que tu ramènes du monde. 
Pour les premières Parties je n’ai jamais fait de campagne de communication par exemple, ni affiche ni rien. Sur les réseaux j’avais 300 abonnés et aucun impact. C’est par le bouche à oreille que tout est passé. Telle personne qui connait telle autre et qui au fur et à mesure fait une boucle gigantesque pour faire circuler la nouvelle. Et puis de notre côté, on se dit qu’on fait cet événement pour les gens mais aussi pour nous et pour la communauté au sens large. C’est ce que je dis au début de chaque Afro Live d’ailleurs : on est tous ambassadeurs de cette culture et si on veut que ça continue, il faut que tout le monde pousse le truc. En fait ça marche quand tu arrives à fédérer les gens pour de vrai et à les impliquer dans tes projets — quand tu fais les choses autant pour toi que pour eux et que tu réponds à un vrai besoin. Je ne sais toujours pas combien de gens vont venir aux prochains événements. Je mets juste des moyens en place et ce qui se passe à l’intérieur est une énergie collective, en vérité. 
Que ce soit avec la musique ou avec Anti_Fashion, c’est la même chose. La première fois qu’on a fait notre performance, on ne savait pas du tout combien de gens allaient venir et tout le monde, La Condition Publique comprise, était surpris car ça a attiré énormément de personnes, dès le début. Notre énergie vient du fait qu’on fait tout tous ensemble. On a une soixantaine de modèles, et si chacun d’entre eux ramène une seule personne ça en fait déjà soixante. 
Ce qui a été fort aussi avec cette performance, c’est que les modèles sont devenus membres de l’association, en tant que jeunes mentorés ou mentors. Et c’est comme ça qu’on avance en fait. On considère notre équipe comme une grande famille, qu’on peut inclure dans toutes les activités. Et l’énergie grandit comme ça. La performance qu’on fait – parce qu’en fait ce n’est pas qu’un défilé : on mêle de la musique, du théâtre, des pièces textiles et de la danse à notre objet – est hyper attractive et arrive à intégrer de plus en plus de monde. 

Roubaix – La Condition Publique et Artivist Nation : Afro Live Battle, juillet 2021 © Kuroh Photography

« Fédérer les gens pour de vrai, c’est les impliquer dans tes projets — quand tu fais les choses autant pour toi que pour eux et que tu réponds à un vrai besoin. »

Quand tu dis « tout le monde », est-ce vraiment le cas ? Qui vient aux Afro Live Party ?

LA – Notre public est large. Tu pourrais penser qu’il n’y a que des Noirs ou des jeunes qui auraient envie de venir à une soirée afro mais il y a aussi des familles à nos événements. Et même ma mère est là à tous ceux qu’on organise ! C’est cet esprit-là que j’ai envie d’entretenir, en créant un moment convivial où tout le monde peut se retrouver. 
Ça passe aussi par la musique, où on mélange des hits du passé que nos parents écoutaient à l’époque et qui sont remis au goût du jour – et en même temps tu fais découvrir aux parents des morceaux d’aujourd’hui… Avec le live, on arrive à faire passer beaucoup d’émotions. Et toutes les communautés viennent et s’y retrouvent, en famille ou entre amis. La musique afro parle à tellement de personnes aujourd’hui qu’elle permet de fédérer beaucoup de gens. 
Une autre chose qu’on m’a fait remarquer, c’est la proportion de femmes dans nos Afro Lives : au dernier événement il y avait 65% de femmes. C’est assez rare dans ce genre de soirées. Stéphanie (ndlr : Calvino, la fondatrice d’Anti_Fashion) l’a analysé en disant que l’événement reposait sur un grand sentiment de confiance. Les femmes s’y sentent libres de pouvoir bouger comme elles veulent avec leur corps, sans être embêtées. Ce sont des choses auxquelles on fait attention. On gère les problèmes quand il y en a mais ils sont rares, parce qu’on les prévient aussi. Dans un monde normal, tu ne devrais pas avoir à te dire que tu dois faire attention à ce que tu fais à cause de ton sexe. Dans nos événements, on fait attention à ce que tout le monde soit à l’aise, et on reste assez vigilant en soirée. Mais ça repose surtout sur la bienveillance générale qu’on a réussi à mettre en place. Jusqu’à maintenant, on n’a jamais eu besoin de vigiles par exemple. 
Il y a aussi un rapport avec l’empreinte du quartier dans la conception du tout. Il y a tout un travail de conscientisation à faire autour des cultures et de la culture en général, et nos soirées participent aussi de ça. L’année dernière, on a donc participé à Pile au RDV et on a fait un openmic improvisé. On a demandé aux gens qui voulait s’inscrire et on a réussi à ameuter des gens dans la rue le jour même. Il y avait un gars qui trainait souvent en face de La Condition Publique et qui n’osait pas rentrer. On l’a invité à participer et, au départ, les vigiles étaient un peu méfiants parce qu’ils le voyaient souvent roder dans le quartier. On a insisté pour qu’il puisse nous rejoindre et tout s’est très bien passé. En fait, ça tient aussi à la considération que t’accordes aux gens. Tu ne peux pas te mettre à leur place et tu ne peux pas connaitre les malheurs ou la vie qu’ils ont eus, mais une fois que t’essayes de faire participer les gens, et que tu les respectes, ils finissent par avoir confiance aussi. Et ce mec vient à tous nos événements depuis, et il roule pour nous tranquille.

Roubaix –  La Condition Publique et Anti_Fashion Project : RBX System Africa © Anti_Fashion Project

« À Roubaix, il ya beaucoup de structures qui te permettent de t’exprimer et de te trouver. »

Qu’est-ce que Roubaix apporte aux créateurs en particulier ? Pourquoi aimes-tu autant cette ville et quel est ton quartier préféré ?

LA – J’aime Roubaix pour son énergie. Je trouve que c’est un beau terrain de création, dans la mesure où les gens sont favorables à ça et rendent le cadre propice. Mais aussi parce qu’il y a beaucoup de ressources qui te permettent de t’exprimer. Quand j’ai commencé la danse, par exemple, c’était dans un pôle Jeunesse de la ville. On dansait dans la rue au départ, on avait quinze-seize ans et on n’était pas structurés. On ne voulait pas prendre de cours parce qu’on était nous-mêmes dans notre délire et on est partis dans des centres sociaux, et on a atterri au Pôle Ressources Jeunesse Deschepper, qui est géré par la ville de Roubaix et où ils accueillent les jeunes de 6 à 25 ans : ils font des voyages, de l’insertion mais aussi de la danse et il y a beaucoup de danseurs hip hop qui ont commencé là-bas. Le directeur de l’époque nous a proposé de nous entrainer là. Il y a La Condition Publique aussi, et beaucoup de structures qui te permettent de t’exprimer et de te trouver.
Tout à l’heure je te disais qu’il y avait un manque de savoir artistique général, mais ce qui est sûr, c’est que tu peux t’exprimer librement à Roubaix. Si tu veux exposer, faire un concert ou de la photo, tu vas facilement trouver les lieux et les dispositifs pour le faire. Après, savoir bien faire les choses est encore différent ; et il faut que ces dispositifs puissent comprendre l’évolution du monde pour continuer à être pertinents. Aujourd’hui on propose des ateliers d’écriture dans les structures jeunesse par exemple, mais beaucoup restent basés sur du boom bap alors que les petits d’aujourd’hui veulent faire de la drill… Il faut vivre avec son époque ! Et c’est vrai qu’il y a parfois un manque d’adaptation de la part des structures et des gens qui sont à l’intérieur – parce que ce sont les gens qui font les structures en fait. 
Je trouve qu’on devrait être encore plus agiles, mais aussi connecter nos savoirs et nos expériences pour gagner en crédibilité. Et c’est comme ça que tu vas réussir à parler aux petits. Aujourd’hui, je travaille avec Deschepper encore. C’est au Pôle que l’on accueille les ateliers upcycling ou éloquence, et les répétitions pour les performances qu’on fait avec Anti_Fashion. Ça permet de s’adresser aux jeunes qui fréquentent le Pôle et à nos jeunes habitués en même temps, qu’on ramène là et qui poussent à créer des liens, mais aussi, pour moi, à donner un sens à ma trajectoire. Continuer à faire des choses à Deschepper, c’est aussi rendre la pareille pour tout ce qu’ils m’ont apporté.
Quant à mon quartier préféré… Je me sens partout chez moi, parce que c’est ce que je construis. J’habite au Fresnoy, mais je suis partagé, en termes de création, entre le Pile et l’Epeule. La Condition Publique est au Pile, et on y fait nos Afro Live Parties ou nos performances qui rameutent du monde. J’ai des liens avec les deux, c’est dur de trancher, j’aime Roubaix en entier et j’aime créer des liens entre les quartiers. 
Je pense que la force viendra toujours de la jeunesse et il faut réussir à l’écouter. Même moi je m’efforce de le faire : j’ai 27 ans, mais je suis déjà largué sur TikTok et je demande à des personnes encore plus jeunes que moi de venir m’aider à comprendre ou faire des trucs dessus. Il faut toujours renouveler et entretenir la connaissance. 

Roubaix –  La Condition Publique et Anti_Fashion Project : RBX System Africa © Nicolas Lee

« La notion de collectif n’est pas seulement importante mais vraiment cruciale selon moi. On a tous besoin les uns des autres et rien n’est unilatéral. Le moment où tu penses pouvoir agir tout seul, c’est que tu es hors-jeu. »

Travailler en collectif aujourd’hui est devenu une forme privilégiée pour beaucoup de pratiques et peut-être plus encore pour celles artistiques : des ateliers d’artistes partagés aux collectifs de critiques… Toi-même, tu fais partie de plusieurs collectifs : entre Anti_Fashion et ton label, mais aussi tes collaborations avec La Condition Publique, tu as pris l’habitude de travailler à plusieurs mains et tu renouvelles l’expérience dans tous tes projets. Qu’est-ce que cela t’apporte ?

LA – Il y a une phrase dans une chanson ivoirienne qui dit « c’est l’homme qui fait l’homme » : je comprends cette phrase comme « on est toujours ici grâce à quelqu’un ». Que tu sois croyant ou pas, tu peux te dire que c’est le pouvoir du Saint-Esprit ou juste que t’es sorti du ventre de ta mère. Tu as eu besoin d’elle à un moment pour arriver là où tu es, pour apprendre à parler, marcher, penser, etc. On est toujours dans une interdépendance vis-à-vis des autres. La notion de collectif n’est pas seulement importante mais vraiment cruciale selon moi. On a tous besoin les uns des autres et rien n’est unilatéral. Le moment où tu penses pouvoir agir tout seul, c’est que tu es hors-jeu. 
Pareil, si un collectif n’entretient pas l’horizontalité ça ne peut pas marcher. Ce sont des additions : il faut apprendre des anciens, donner aux petits, et faire tourner la connaissance en allant la chercher partout. C’est ce qui fait la force du collectif pour moi : c’est une boucle de savoirs infinis. Et ça repose sur la connaissance des forces et des faiblesses de chacun, sur la capacité à s’adapter et à apprendre des autres. Je trouve vraiment que quand tu considères quelqu’un, il te considèrera aussi, et tout ça grandira encore. Ça ne coute rien d’entretenir la bienveillance.
Il y a une autre phrase que j’ai envie de citer, d’Idriss Aberkane, qui disait : « les biens matériels se divisent ; les biens immatériels se multiplient ». Si je sais quelque chose et que je te le donne, ça ne va pas enlever ce que je sais. Il faut le donner, et le transmettre encore, et ça fait grandir l’énergie et la stimulation de tout le monde. Il faudrait que tout le monde puisse penser comme ça. C’est ce modèle qu’on répand dans nos événements Afro Live.

Roubaix – La Condition Publique et Artivist Nation : Afro Live Party, mai 2022 © Selection Nationale

« Ce qui fait la force du collectif pour moi : c’est une boucle de savoirs infinis. »

URBX Festival fait se réunir de nombreuses énergies différentes qui s’allient pour l’événement… Les collectifs, les associations, les lieux : le festival rassemble des forces et des initiatives qui ne se côtoieraient peut-être pas naturellement mais qui ensemble œuvrent à créer de nouvelles formes collectives. Qu’est-ce que cela peut faire émerger, selon toi ?

LA – Je suis pour toutes les initiatives qui favorisent et promeuvent la culture. L’important c’est déjà qu’elles existent, qu’on fasse des choses et qu’on essaye. Beaucoup de gens parlent et échangent des idées mais ne font rien ensuite pour les développer. Il faut faire les choses qu’on dit. 

Roubaix – La Condition Publique et Artivist Nation : Afro Live Party, mai 2022 © Alpha Bandit

« Je vous donne rendez-vous aujourd’hui pour l’Afro Live Party qui ouvre URBX festival à La Condition Publique, dès 19:00 ! »

Quel événement attends-tu avec le plus d’impatience au-sein de la programmation d’URBX Festival ?

LA – Je vais prêcher pour ma paroisse, et vous donner rendez-vous à l’Afro Live Party qui ouvre le festival aujourd’hui, à La Condition Publique, de 19h à minuit. Et c’est gratuit, on y tient beaucoup. Il y a des choses que tu peux faire facilement dans d’autres villes mais qu’on ne pourrait pas transposer telles quelles ici. Moi je veux toujours fédérer, faire découvrir, et donner accès au plus grand nombre, c’est pour ça qu’Afro Live a toujours été gratuit. Pour l’instant on ne fait pas du tout d’argent avec ça, même si on fait venir du monde, et l’argent qu’on perçoit sert toujours à créer les événements suivants. 

Roubaix – URBX Festival #1 © Hachim Bahous aka Isham One

Qu’est-ce qu’URBX Festival ?

Depuis 2015, le rendez-vous annuel Expériences Urbaines a accueilli à Roubaix plusieurs grands noms des cultures urbaines qui ont fait la ville et ont participé à son rayonnement : Brahim Bouchelaghem, Marion Motin, JonOne, 13Blocks… Auxquels s’ajoutent des artistes nationaux et internationaux tels que Jef Aérosol, C215, Ola Volo ou Emmanuel Unaji. Pour prolonger le succès grandissant de ce projet, l’association Cultures Urbaines Roubaix, avec le soutien de la ville de Roubaix, présente URBX Festival à Roubaix et en métropole lilloise du 15 au 26 juin 2022. La programmation d’URBX Festival a été orchestrée par un comité artistique constitué notamment des partenaires culturels historiques de la ville : La Cave aux Poètes, La Condition Publique, Le Bureau d’Art et de Recherche, ESMOD, Anti_Fashion Project, Parkour59, Le Ballet du Nord « CCN&vous ! », la Cie Zarhbat, le Flow.

Roubaix – Rues © Office de Tourisme de Roubaix – Loïc Trinel

Qu’est-ce qu’I Love Roubaix ?

I Love Roubaix est le signal de ralliement de l’Office de Tourisme de Roubaix qui fédère et rassemble les amoureux•ses d’une ville cosmopolite, bouillonnante, attachante, qui se dévoile à qui se donne la peine de l’écouter et la regarder. Une ville à l’état brut, qui a su tirer parti de ses richesses passées pour en créer de nouvelles dans l’air du temps, et de son patrimoine industriel foisonnant pour se réinventer en destination touristique. Roubaix, c’est aussi une ville où s’invente le monde de demain, avec le déploiement renouvelé exceptionnel des cultures urbaines à chaque croisement de rues et un engagement autour de la démarche Zéro Déchet, qui mobilise tous les acteurs de la cité. Roubaix et son incontournable musée La Piscine, c’est aussi, dans l’imaginaire collectif, la ville indissociable de Paris-Roubaix.