Clémence Benoit et Julien Pitinome explorent la notion d’accélération
Julien Pitinome est photographe, co-fondateur du collectif OEIL et du Labo148, installé dans La Condition Publique à Roubaix. Dans l’un comme dans l’autre, il cherche à partager la connaissance et faire se croiser les disciplines pour toutes et tous. Ses photographies sur la Jungle de Calais ou sur les gilets jaunes ont fait le tour des réseaux et de certains médias. Le photojournaliste couvre quantité de manifestations et d’événements en France et dans le monde. Avec son collectif, ils ont relancé un magazine qui avait cessé d’être publié : Fumigène, et créé en 2021, une agence de photographes : ENCRAGE. Le Labo148 présente – notamment dans le cadre d’URBX Festival – une exposition dans ses espaces, à La Condition Publique dont le titre dit beaucoup de ce à quoi travaillent Julien Pitinome et le lieu : Des futurs désirables.
Clémence Benoit au-sein de l’association Parkour59 est à la fois salariée et pratiquante où elle organise autant des événements sportifs qui mettent le parkour à l’honneur à Roubaix ainsi que des rencontres professionnelles autour de la discipline et du sport de manière générale, œuvrant à la promotion des femmes à l’intérieur de ces sphères. Dimanche dernier, dans le cadre d’URBX Festival : Parkour59 a mener une compétition géante et pleine d’inclusivité de World Chase Tag.
Les deux ne se connaissaient pas personnellement avant cet entretien, mais ils partagent beaucoup de points communs dans leurs ambitions et leurs pratiques. Il y avait urgence à créer la rencontre. Exploration de leur manière d’accélérer les flux, les luttes et l’émergence de nouvelles voix dans le cadre de cet entretien croisé mené par Horya Makhlouf pour jigsaw • bitume.
Une série d’entretiens pour décrypter les cultures urbaines
I Love RBX aka l’Office de Tourisme de Roubaix décrypte les composantes remarquables car uniques de Roubaix et invite – avec jigsaw : l’équipe et les partenaires d’URBX Festival à explorer & à décrypter les cultures urbaines. À travers une série de notions et d’entretiens inhérents qui traversent, composent & propulsent la vitalité + l’alternativité de la création urbaine de Roubaix, se déployant depuis plus de 3 décennies et encore plus intensément très prochainement : à l’occasion de la 1ère édition d’URBX Festival.
« C’est un boulot solitaire d’être photographe, mais je suis un solitaire qui n’aime pas la solitude. »
Pouvez-vous commencer par nous décrire votre parcours et ce qui vous a amené aux collectifs dans lesquels vous travaillez aujourd’hui ?
Julien Pitinome – Je suis issu du social à la base. J’étais éducateur il y a une quinzaine d’années, et la photo s’est immiscée dans mon parcours : j’avais envie de découvrir cette pratique, que je me suis mise à utiliser beaucoup. Un jour s’est présentée l’occasion de ne faire que ça. Je vivais à Paris à l’époque, où je suis resté pendant une dizaine d’années. C’est à ce moment-là que j’ai co-créé le collectif Œil. Je me suis dit que tout seul, on pouvait faire de la photo, bien sûr, mais qu’on serait quand même plus fort ensemble et à plusieurs. C’est un boulot solitaire d’être photographe, mais je suis un solitaire qui n’aime pas la solitude. On a décidé d’abord de prendre le temps, celui de poser les choses. Et puis, assez rapidement, on a décidé de relancer le magazine Fumigène, qui traite des cultures urbaines et du vivre ensemble – et qui reste pour l’instant encore un peu en stand-by parce qu’on est tous bénévoles dessus, même si on continue de publier des numéros de temps en temps. Il y a une cinquantaine de personnes qui travaillent dessus. Avec Fumigène, une idée est aussi venue de soutenir les plus jeunes et les aspirants journalistes, en leur donnant une première publication dans quelque chose qui n’est pas encore super connu mais déjà un peu reconnu dans le milieu du journalisme. On voulait créer cette transmission et ces possibilités.
Et puis, j’ai eu un gamin. On habitait à Montmartre mais je ne voulais pas qu’il grandisse à Paris. Je suis revenu dans le Nord, où j’ai grandi. À mon retour s’est présenté un projet de média que La Condition Publique pouvait porter. À la suite d’une rencontre, il y a un peu plus de cinq ans, on a créé le Labo148. On a créé aussi un collectif : La Friche, domicilié à La Condition Publique et avec lequel on fait de la production documentaire et de l’éducation aux médias.
Ça fait beaucoup de choses, mais toutes ces choses sont interconnectées parce qu’elles ont une vocation évidemment d’exister dans le champ politique et médiatique, mais aussi d’exister sur le champ du territoire. Ce qui est important, pour nous, c’est de s’inscrire dans le temps long sur les quartiers et sur les territoires où on travaille et où on habite. Aujourd’hui, dans le milieu du photojournalisme, on est peut-être encore petits mais on incarne quelque chose d’engagé sur les dimensions sociales et sociétales : on veut redonner la parole à ceux qui ne l’ont pas ou plus, en prenant un parti esthétique qu’on assume complètement. Rien n’est neutre : ni le journalisme ni rien de ce qu’on fait. Toutes les actions qu’on mène ont un impact sur le quotidien et dans la vie des gens. C’est pour cela qu’on veut aussi créer des passerelles et des ponts pour les plus jeunes que nous. La génération qui a créé le Collectif Œil et relancé Fumigène – la mienne – a mis un peu plus de dix ans pour créer tous ces dispositifs. Si les jeunes gagnent 4-5 ans dans leur parcours grâce aux différents outils qu’on a construits, c’est super. Aujourd’hui, il y a des jeunes du Labo148 qui sont dans l’agence ENCRAGE qui publient dans la presse. Jérémy Paoloni, par exemple, s’est récemment rendu à la frontière ukrainienne pendant un peu plus de trois semaines. C’est le seul journaliste que je connaisse qui s’y est rendu en contrat long pour un média anglais. Ce qu’on veut atteindre en fait, c’est un équilibre entre la transmission, la diffusion et le pouvoir politique d’agir et d’avancer.
« Ça me tenait vraiment à cœur de faire venir plus de femmes dans ce sport incroyable, qui a des valeurs vraiment formidables, où il n’y a pas de jugement et où on peut pratiquer autant en mixité qu’en non-mixité. »
Parkour59 aussi a un lieu qui sonne pareil que celui évoqué par Julien mais qui s’écrit différemment : La Free’ch. Clémence, peux-tu nous parler de ton parcours à toi et des raisons pour lesquelles tu t’es engagée dans l’association ?
Clémence Benoit – Oui, ça m’a fait vibrer quand Julien l’a dit ; nous aussi, on s’est installés dans une friche. La mosquée du quartier, des associations et notre Free’ch se sont installés, comme La Condition Publique, dans un vieux bâtiment industriel qui s’est séparé en plusieurs petits bâtiments où sont hébergés notamment Parkour59 et notre Free’ch.
J’étais d’abord pratiquante de parkour avant de devenir salariée de l’association. Je faisais beaucoup de gymnastique avant de rejoindre ce sport mais je n’étais pas trop en accord avec les valeurs de la gym et je trouvais que ça manquait beaucoup de liberté. On faisait tout avec les jambes et les pieds mais c’était assez strict. À l’époque, j’étais aussi très intéressée par le parkour en général, mais je ne savais même pas que c’était un sport et que ça avait un nom. J’étais casse-cou et j’avais l’habitude de sauter dehors, passer des murs, etc.
Avec la médiatisation de la discipline et les films comme Yamakasi ou Banlieue 13 qui sont sortis dans les années 2000, j’ai voulu voir s’il y avait un club de parkour dans ma région. J’y croyais pas du tout mais je suis tombée sur Parkour59. À partir de mes 15-16 ans, j’ai rejoint l’association et commencé à fréquenter le club. Puis j’ai passé le bac, commencé mes études et j’ai eu l’occasion de rechercher une alternance. L’association ne cherchait pas d’alternant à l’époque mais j’ai quand même voulu essayer de lier mon travail et ma passion, alors j’ai tenté. Et je me suis retrouvée en charge de projets événementiels à Parkour59. Depuis septembre 2020, j’y suis donc en tant que pratiquante et salariée. Depuis cette date, on a pu mettre en place pas mal d’événements avec l’association. Il y avait déjà la participation au festival Expériences Urbaines – avant qu’il ne devienne l’URBX Festival, où l’on mettait en place des compétitions de parkour, de free run et de speed run et toutes ces choses liées au parkour.
D’un autre côté, j’avais vraiment envie de développer le parkour féminin. Je trouve que pas mal de pratiques sportives urbaines manquent encore beaucoup de femmes, même si ça a tendance à changer et à tendre vers une égalité – ce qui est une bonne chose. Mais ça me tenait vraiment à cœur de faire venir plus de femmes dans ce sport incroyable, qui a des valeurs vraiment formidables, où il n’y a pas de jugement et où on peut pratiquer autant en mixité qu’en non-mixité. Je m’y attèle depuis presque deux ans maintenant. On met notamment en place des créneaux exclusivement féminins dans notre salle pour pratiquer. Notre but, c’est d’attirer des femmes dans un terrain de confiance où elles peuvent d’abord ne pratiquer qu’entre elles, pour les amener ensuite vers le mixte, en montrant les belles valeurs de ce sport où, même en pratiquant en mixité il n’y aura pas de jugement ni de critique.
Par ailleurs, on a beaucoup de photographes et de journalistes qui aiment bien venir voir comment on pratique le parkour, et pas mal de demandes de reportages de la part d’étudiants en journalisme de la région. La pratique se développe pas mal mais elle reste assez inédite.
JP – D’ailleurs, on est venus avec Le Labo148, et je suis venu aussi avec Raphal Yem, qui est sur Culturebox, pour une vidéo de So Good Stories. Je connais bien votre lieu et les anciens qui l’ont fondé – Larbi et d’autres, et je trouve ça très bien ce que vous faites.
CB – C’est vrai que Parkour59, ça remonte pas mal. À l’époque, en 2009, c’était un groupe d’amis – que Julien connait, justement – qui « traçait » (pratiquait) dans la rue et qui a voulu d’abord sécuriser la pratique. Au départ, ils donnaient des créneaux en extérieur car ils n’avaient pas de salle. En 2016, on a eu La Free’ch et on a pu commencer à pratiquer en intérieur, avec des tapis et plus de sécurité pour s’entraîner.
« Ce que l’on fait, autant à Parkour59, qu’au Labo148 ou ailleurs, c’est montrer que la ville nous appartient, qu’on en fait partie prenante et qu’il faut l’utiliser comme elle est. »
Il y a de nombreux points similaires entre vos deux pratiques : vous explorez tous les deux la ville et essayez d’en mettre en avant des points et des positions qui ne sont pas toujours visibles de l’extérieur ou par les non-initié·e·s. D’un côté, celle des migrant·e·s ou des manifestant·e·s ; de l’autre celle des femmes dans le sport. Ce sont deux manières de tirer vers le public des personnes qui ne sont pas forcément visibles ni représentées. Vous m’avez l’air bien complémentaires en fait, vous ne trouvez pas ?
JP – Dans les deux cas, nous touchons, je crois, à la question de la réappropriation des espaces. Ça va de l’espace médiatique à l’espace public. Un des enjeux que je défends, c’est aussi que nos productions existent dans les espaces publics et institutionnels, aussi bien que numériques. Sur la question de l’espace public : la transformation urbaine fait que les villes perdent leur âme. Elles finissent par beaucoup se ressembler et présenter partout la même chose. Avec la période post-Covid, les gens ont redécouvert les espaces extérieurs : le jardin – quand ils avaient la chance d’en avoir – , la rue, l’envie de flâner, etc. Aujourd’hui, ce que l’on fait, autant à Parkour59, qu’au Labo148 ou ailleurs, c’est montrer que la ville nous appartient, qu’on en fait partie prenante et qu’il faut l’utiliser comme elle est.
À Roubaix – qui se veut une ville dynamique, de street-art et des cultures urbaines au sens large –, on doit encore plus se saisir de ces questions. Si la ville veut être à la pointe sur ces thématiques, il faut bien qu’elle intègre le parkour, les médias alternatifs, le street-art, etc. La Friche, c’est aussi un truc comme ça pour moi : l’idée de s’approprier un espace qui n’était pas prévu pour ça à la base. De la même manière, avec notre média, on s’approprie un espace médiatique qui ne nous avait pas prévus non plus.
Je ne parle pas de la situation des femmes, mais j’ai l’impression que ce que tu fais Clémence, à Parkour59, tient aussi de ça : se réapproprier un espace dominé par les hommes et essayer de construire un truc tous ensemble.
CB – Je suis complètement d’accord. Avec nos disciplines, je pense qu’on a un œil complètement différent d’une personne extérieure, car on observe l’espace public autrement, avec un regard qui choisira le meilleur point de vue pour une restitution médiatique ou bien, pour nous, avec nos corps. Ça se joue au niveau des spots qu’on trouve dans la rue : un petit muret qui va bien accrocher et sur lequel je vais pouvoir sauter, un dénivelé en-dessous qui me met un défi en plus. Une personne qui ne pratique pas va passer à côté de ces détails sans même les regarder, mais c’est tout ce à quoi on fait attention, nous.
On va s’approprier l’espace public en jeu. Je ne sais pas si pour la photo on peut parler de jeu en général mais pour le parkour, on considère la ville comme notre terrain de jeu au sens large. Et, pour le coup, on a bien intérêt à y faire attention. Parce que si on désintègre un spot, qu’on le tague ou qu’on le casse, on ne pourra plus pratiquer dessus. C’est notre but à Parkour59 : montrer qu’on peut tracer et pratiquer à la Free’ch mais aussi à l’extérieur, et qu’il y a plein de choses à faire dehors. C’est pour ça que c’est important de préserver notre ville et tous nos spots : pour pouvoir continuer à pratiquer dedans.
Enfin, c’est vrai que la place des femmes est hyper importante. C’est intéressant de sortir avec elles et de montrer que la rue leur appartient aussi, autant qu’aux hommes. Qu’elles peuvent l’expérimenter pareil.
« La clé pour faire émerger de nouvelles voix passe par là : on se forme, on cherche à faire connaître, et une fois que l’on a rassemblé tout cela, on continue à transmettre pour partager nos connaissances collectives. »
Il y a un autre truc qui vous lie, il me semble : vous avez tous les deux voulu créer ou rejoindre un espace où pouvaient trouver leur place : de nouvelles voix, avec vos propres dispositifs. Comment fait-on, aujourd’hui, pour faire émerger des voix différentes, dans des paysages médiatiques ou urbains qui n’ont pas encore de place pour elles ?
JP – Pour moi, ça fait partie non pas des obligations mais de la logique. Il y a des gens qui ont travaillé avant nous, mais on a perdu beaucoup du capital qu’ils ont produit en termes politiques ou d’investissement – aussi parce que les contextes étaient différents. Aujourd’hui, il faut qu’on puisse proposer des alternatives aux systèmes classiques et élitistes que l’on connait. Typiquement, l’école est un système élitiste, qui tend, certes, à faire émerger des talents, mais aussi à mettre beaucoup de gens à la marge. Pourtant, dans ces marges, il y a des personnes qui ont des talents dingues. Tout ce qu’on fait n’a pas tant vocation à rééquilibrer un truc qui est déjà déséquilibré au départ mais à faire émerger des voix alternatives.
Si on se rassemble à plusieurs, si on fédère toutes ces énergies et qu’aujourd’hui, par exemple, on est une vingtaine à travailler dans la région et ailleurs, c’est parce qu’on s’est rassemblés. On vient de l’éducation populaire aussi, et, avec elle, l’apprentissage passe par la pratique, et la théorie devient un support a posteriori pour la technique.
Il y a aussi ce truc de transmission de pair à pair qu’on a envie de développer. J’ai eu, pour ma part, la chance de vivre de ce que j’ai envie de faire. Mais le gâteau doit être partagé. J’ai un exemple criant à ce propos : on travaille avec l’Institut pour la Photographie depuis le début. J’avais dit aux jeunes avec lesquels on travaille, qu’on exposerait en dehors de l’Institut mais qu’on laissera toujours la porte entrouverte. Aujourd’hui, Nicolas Lee prend des photos là-bas. Et on développe beaucoup de projets avec eux ; on n’expose pas encore à l’intérieur mais on va y arriver. L’idée, c’est toujours de laisser la place aux autres, et de préférer partager le gâteau plutôt que de se garder la plus grosse part pour soi tout seul.
Avec le temps, ça nous fait aussi mieux exister sur le plan local, départemental et national. Il faut se fédérer parce que face à des politiques qui sont de plus en plus liberticides et précarisantes, il faut rassembler nos compétences pour être plus forts, toujours. C’est un peu utopique mais c’est ce vers quoi on essaie de tendre.
CB – Je rejoins complètement tout ce que tu viens de dire, et c’est pareil de notre côté. En 2009, quand Parkour59 a été créé, l’idée était de débloquer une impasse. D’un côté, le parkour n’est pas connu ; de l’autre, on prend ceux qui le pratiquent pour des voyous parce qu’ils sautent sur les murs ; d’un autre côté encore, il existe déjà énormément de sports qui ont des fédérations, qui sont plus conventionnels, etc. Alors, d’abord, on a essayé de sécuriser la pratique, pour rassurer un peu tout le monde. Ensuite, on est allés chercher du monde, pour faire connaître la discipline, nos valeurs et transmettre aux autres ce qu’on sait. On initie les gens au parkour – de temps en temps gratuitement –, pour vraiment faire du bruit et l’ancrer auprès des politiques comme des passants : auprès de tous en fait. On veut essayer de montrer que tout le monde peut faire du parkour. Et puis, on s’est cadrés aussi : en créant une association, en trouvant un lieu et en allant chercher du monde.
Là où je rejoins Julien encore, c’est sur le fait de partager le gâteau. Comme Julien, on a cherché du monde, on a créé des cours, intégré des coachs, qui sont venus d’abord de manière bénévole et qui, maintenant, sont rémunérés. Aujourd’hui, on a la chance d’avoir des locaux, des cours hebdomadaires, et aussi un programme d’insertion par le sport où on va encore plus loin : on y intègre des jeunes et on les aide à rejoindre le circuit professionnel à travers le sport, et plus particulièrement les sports urbains. Il y a tellement de valeurs dans ces sports-là qu’on peut faire énormément de transfert de compétences entre ces pratiques et le travail professionnel ou même la vie scolaire.
La clé pour faire émerger de nouvelles voix passe par là : on se forme, on cherche à faire connaître, et une fois que l’on a rassemblé tout cela, on continue à transmettre pour partager nos connaissances collectives.
« Il faut former les gens à se saisir eux-mêmes de ce qu’ils sont, de ce qu’ils font et de la façon dont on raconte tout ça – c’est le principe de l’éducation populaire, encore. »
Vous l’avez dit, vous partez de loin, mais il reste encore beaucoup à faire, à tous les niveaux. Comment accélérer encore ces appropriations collectives et ces mouvements ? Comment générer de nouveaux process et faire encore plus de bruit ?
CB – Il y a toutes ces choses qu’on a déjà mises en place et qui sont intéressantes, mais on peut les accélérer encore plus. Par exemple, de notre côté : on développe la pratique du World Chase Tag – le jeu du drapeau, ou du chat et de la souris –, qui est en train de monter. Sur une arène de 12 mètres sur 12 qu’on installe dans des parcs, on joue, en gros, au chat et à la souris (à essayer le 26 juin dans le cadre d’URBX Festival). En termes d’événement, ce format est impressionnant ; ça devient un vrai show. La compétition est encore plus spectaculaire que les circuits de parkour parce que, déjà, c’est très facile de comprendre les règles : on marque un point en réussissant à ne pas se faire toucher. Et la compétition prend vraiment une forme de show, où même une personne qui ne fait pas de parkour – et qui, dans une compétition officielle, resterait toute la journée à regarder vingt passages qui défilent toujours sur la même musique et le même circuit –, va là toujours rester stimulée pendant deux heures, parce qu’il se passe forcément une action toutes les quarante secondes. Ce sont des choses qui ne sont pas encore trop développées mais que l’on cherche à stimuler encore parce qu’elle permet de réunir tous les niveaux, les pros comme les amateurs, et encore plus de monde : d’un côté tout le monde peut comprendre facilement les règles du jeu ; de l’autre, la pratique est déjà connue par les athlètes.
Pour accélérer la voie, il faut prendre du temps et investir, toujours, dans de nouvelles disciplines et de nouveaux formats, pour pouvoir continuer à pérenniser l’association et à faire connaître la discipline.
JP – Aujourd’hui, tout équilibre que l’on a mis en place – au Labo148 ou avec le collectif Œil – et les dispositifs qu’on a inventés restent quand même assez précaires. Les financements – dans nos structures, nos associations et même au Labo148 – n’existent pas encore sur le fonctionnement. Cela veut dire qu’il faut systématiquement aller chercher des budgets, chaque année, pour continuer à exister. J’espère, pour être plus serein, que l’on parviendra à débloquer des financements de fonctionnement pour ce type de projet qui, après cinq ans, a montré les directions qu’il pouvait proposer à certains jeunes. Il faut que, politiquement, il y ait une vraie reconnaissance de ce travail parallèle aux grandes écoles d’art ou de journalisme que l’on mène, qui permet de faire émerger des talents, de prendre confiance, et, concrètement, qui fait que des jeunes en rupture scolaire le sont moins. Il faut que cette économie soit moins précaire.
Il faut aussi qu’il y ait plus de personnes qui se saisissent des outils qu’on développe, qui structurent leurs actions collectives quand il y a besoin, et puis qu’on ait des vraies places pour celles et ceux que l’on n’entend pas, ou plus.
Je trouve qu’il y a aujourd’hui une vraie confiscation de la parole, et c’est ce qu’on essaye de ne pas reproduire avec les jeunes. Un journaliste ou même un gars du documentaire va parfois faire dire des choses aux jeunes pour les besoins d’un reportage, mais ensuite donner sa propre interprétation, et confisquer ou transformer ainsi les paroles.
Il faut donner les outils aux gens directement. On a des techniques – qu’on développe ici depuis longtemps – pour aider la prise de parole en public, par exemple. Pour accélérer le mouvement, pour moi, il faut se poser la question de l’économie mais aussi celle des outils : il faut former les gens à se saisir eux-mêmes de ce qu’ils sont, de ce qu’ils font et de la façon dont on raconte tout ça – c’est le principe de l’éducation populaire, encore.
« Ce que l’on veut, c’est inviter les jeunes à venir bouger par les pratiques sportives urbaines en général, mais aussi les moins jeunes : tout le monde doit connaitre ses capacités et ses limites. »
Vos deux pratiques sont inscrites dans la rapidité et dans l’urgence. Dans le parkour, il faut aller vite, analyser rapidement, deviner en un coup d’œil les endroits fragiles et les points d’appuis ; dans la photographie de manifestations ou de lieux voués à disparaître bientôt, il faut aller vite aussi pour éviter la nasse ou les violences, capturer l’image avant qu’elle ne s’efface… Comment pensez-vous vos pratiques respectives en fonction de cela ?
JP – Il y a de l’urgence, dans mon travail de photojournaliste, à saisir des scènes. Mais l’urgence n’est pas que dans le temps très court ; elle s’inscrit aussi dans le temps long. Tout à l’heure, tu parlais de la Jungle de Calais qui a disparu. Certes, la grande Jungle de Calais a disparu, mais il en reste une plus petite qui est un peu plus haut, et des dizaines de mini jungles existent encore. Pour moi, il y a une urgence à documenter au-delà du temps médiatique – et ça, c’est quelque chose qui est chronophage et qui ne paie pas forcément. J’ai vendu quelques photos du démantèlement de la Jungle par exemple mais pas tant que ça. Si on prend la situation des réfugiés en France, c’est une honte. Je suis allé au Bangladesh, dans des camps de réfugiés Rohingyas, et j’avais honte. C’est un des pays les plus pauvres du monde mais il y a une organisation bien plus efficace pour s’occuper d’un million de personnes que celle qu’on a connue en France. Il y a une vraie urgence à documenter cela, pour les médias, le politique, mais aussi pour la question de l’archive et de la mémoire de tout ce qu’on fait.
Aujourd’hui, je suis à fond dans le numérique, mais on sait qu’un fichier numérique a une vie de deux à trois ans – après quoi tu vas le perdre ou il va s’abîmer. Avec les pellicules, il existait un fonds physique. Je me demande aujourd’hui constamment comment je peux créer, dans l’ère actuelle, de l’archive et de la mémoire. C’est urgent parce que ça file tout doucement. Comment on fera dans vingt ans pour savoir ce qu’il s’est passé aujourd’hui ? Tout mon travail de photo n’est pas tant sur la question de l’archive au sens propre mais sur la manière dont je raconte des histoires sur un temps où je suis présent. Et ces histoires-là, il faut que je les transmette.
J’essaye de travailler avec des institutions pour ça : pour intégrer des projets dans des fonds photographiques et archiver la mémoire. C’est une urgence pour moi, qui est propre à mon travail de photographe. Mais il y a évidemment aussi une urgence dans les problématiques sociales et sociétales, qui deviennent de plus en plus fortes et opposées. Dans notre travail au quotidien de photojournalistes et de documentaristes, il y a aussi une urgence dans le fait de choisir ce que l’on veut raconter et de mettre en exergue les choses que les gens vivent et qui sont invisibilisées. Il faut qu’on constitue un socle : si tu veux savoir où aller, il faut savoir d’où tu pars.
D’ailleurs, parallèlement à tout ce travail, j’en mène aussi un sur les archives de ma famille, parce que je suis convaincu que c’est ça aussi qui te fait avancer ailleurs et plus loin. Voilà, c’est un peu un truc de vieux et encore un peu utopiste, mais je vieillis tranquillement et ces questions finissent par se poser.
CB – Je ne peux pas, pour ma part, parler d’urgence dans les mêmes termes que Julien. Certes, on sent une urgence médiatique à informer sur certains sujets, mais s’il y a une chose sur laquelle il faut accélérer pour moi, c’est la pratique sportive en général.
Les jeunes, aujourd’hui, pratiquent de moins en moins. Ils se renferment plus facilement sur un truc qui est à leur disposition facilement : les réseaux sociaux, où ils passent énormément de temps, dans un monde qui n’est pas réellement le leur mais qui est digital. Avec Parkour59, on essaye de leur montrer que, grâce aux pratiques urbaines et au sport, ils peuvent redécouvrir le monde tel qu’il est réellement et aller dans la rue se la réapproprier. Peut-être qu’ils sont déjà passés devant un espace mais qu’ils ne l’ont même pas regardé parce qu’ils étaient sur leur écran… Il faut que les gens puissent connaitre cette discipline du parkour, moins conventionnelle que celles qu’on découvre petit, dans laquelle ceux qui n’ont pas pu se reconnaitre dans des sports trop stricts – comme moi par exemple avec la gym – pourraient s’épanouir.
Avec le parkour, on peut faire plein de choses qui sont interdites ailleurs : grimper, escalader, sauter sur les murs… Ce que l’on veut, c’est inviter les jeunes à venir bouger par les pratiques sportives urbaines en général, mais aussi les moins jeunes : tout le monde doit connaitre ses capacités et ses limites. Connaitre son corps, savoir ce qu’on peut ou pas faire avec, s’entrainer à passer des obstacles ou monter sur un cube, ce sont autant d’actions qui peuvent aider ensuite dans les actions quotidiennes – même juste monter des escaliers chez soi si je ne suis pas en bonne santé, par exemple. Et c’est à cet endroit qu’il faut accélérer les choses selon moi. C’est bien et c’est impressionnant de regarder les pratiques urbaines à la télé, mais elles peuvent servir à plein de choses au quotidien, quel que soit l’âge qu’on a.
Sur la question de la femme aussi, c’est important de se dire aussi qu’en 2022 on a autant de femmes qui peuvent pratiquer le parkour, participer à des compétitions internationales de Chase Tag et encore plus pratiquer le sport urbain. En 2022, il faut vraiment arrêter de se dire que la place de la femme est à la cuisine, parce que ce n’est plus le cas. Elle est libre : et son compagnon aussi peut aller chercher les enfants pendant qu’elle va à son cours de parkour. La femme a ses droits aussi en pratique sportive et urbaine.
« Si la pratique du parkour en extérieur ne peut pas évoluer, ça va aussi avec la place de la femme dans l’espace public, et la manière dont on s’approprie la rue en général. »
Le parkour est une discipline assez récente, qui souffre de beaucoup de préjugés. J’ai l’impression, Clémence, que tu dois lutter sur deux fronts en même temps : participer à faire reconnaître la légitimité du parkour en tant que discipline sportive mais aussi celle des femmes en tant que pratiquantes. Il me semble qu’aujourd’hui, il faut accélérer aussi l’intersectionnalité des luttes, défendre en même temps les causes et les fusionner, pour avoir plus d’impact. Comment pensez-vous cela ?
CB – C’est vrai : d’un côté, on a besoin d’être reconnus en tant que pratiquants d’une vraie discipline sportive – ça nous est déjà arrivé de recevoir des œufs sur la tête dans la rue quand on faisait du parkour. Mais, heureusement, à Roubaix maintenant, ça ne se passe plus : on ne se fait plus ni virer ni insulter dans tous les sens, parce que les habitants se sont rendus compte que non seulement on ne dégradait pas les spots mais qu’en plus on les faisait vivre. De l’autre côté, il faut réussir à se dire que les femmes ont leur place là-dedans.
On pense beaucoup de choses ensemble, et à cela il faut aussi rajouter l’insertion par le sport. C’est vrai qu’au final on a un gros tas de choses à faire accélérer et tout est relié. Si la pratique du parkour en extérieur ne peut pas évoluer, ça va aussi avec la place de la femme dans l’espace public, et la manière dont on s’approprie la rue en général.
« Les cultures urbaines recouvrent 36 000 cultures différentes et c’est intéressant de croiser les pratiques, de faire des liens entre toutes les approches et les disciplines, comme on le fait dans cet entretien. »
Au Labo148, vous pensez l’interdisciplinarité, c’est aussi une forme d’intersectionnalité. Peux-tu nous en dire plus, Julien ?
JP – Labo148 est un projet média participatif, une agence de production de contenu aux frontières des pratiques journalistiques et artistiques. On considère que les jeunes ont déjà des pratiques en dehors de celles qu’on fait au Labo148 et qu’on va offrir un espace pour les mettre en valeur sous d’autres formes. Prenons un jeune qui viendrait au Labo et qui ferait du parkour par exemple : notre travail, c’est de mélanger un peu toutes ces pratiques. Aujourd’hui je coordonne ce projet, avec Sheerazade Chekaik Chaila, qui s’étend aux 12-15 ans avec le Labo148 junior.. Depuis plus de cinq ans, on a des réunions hebdomadaires, des ateliers de production, des masterclass. On se saisit aussi de la programmation de La Condition Publique : on n’est pas une agence de communication pour le lieu mais les jeunes se saisissent de la programmation s’ils en ont envie et participent aux saisons qui leur plaisent.
Ce projet fédère une quarantaine de jeunes par an, qui viennent de manière régulière, qui rentrent à La Condition Publique et qui s’approprient de nouveaux espaces. C’est un lieu où on s’autorise à faire plein de choses : de la danse, de la photo, du dessin, des expos, et plein de champs que l’on s’autorise à explorer ensemble.
Aujourd’hui les photos de La Condition Publique sont produites par le Labo148 à 90%.. Les jeunes sont payés en presta, et tous de la même manière. C’est aussi à ça que sert le Labo148 : à prendre conscience de sa valeur.
CB – De la même manière, à Parkour 59, on s’ouvre à plein de pratiques. Il y a plein de cultures à aller voir : les cultures urbaines recouvrent 36 000 cultures différentes et c’est intéressant de croiser les pratiques, de faire des liens entre toutes les approches et les disciplines, comme on le fait dans cette interview.
« On doit recréer du lien avec des gens qui se sont réfugiés derrière leurs écrans, mais aussi avec des jeunes ou des moins jeunes qui sont déscolarisés, retraités, au chômage… »
Il y a encore une accélération avec laquelle vous devez composer : l’accélération du flux des images – dans les sphères médiatiques ou publicitaires, dans la rue ou sur les écrans de toutes sortes. Cette accélération des images représente-t-elle une contrainte pour vous ? Comment faites-vous évoluer vos pratiques en fonction ?
JP – Pour moi, c’est comme la distinction entre photographie argentique et numérique : ce ne sont pas forcément des choses qui s’opposent mais avec lesquelles on doit faire. Le numérique nous dépasse, les réseaux vont plus vite que nous, les jeunes ont des pratiques qui sont plus développées que les nôtres (que les miennes en tout cas) : tout ça, il faut l’accepter et faire avec. Mais il faut aussi donner les outils aux gens pour ne pas se perdre au milieu. J’en reviens à l’éducation populaire : il faut donner les outils aux gens pour savoir comment les choses se font et fonctionnent, et pas se réduire à dire que telle chose est bien, l’autre pas bien. Tout ça peut tenir si on développe le lien social, qui se distend depuis des années et qu’on doit retendre. C’est ce que tu disais, tout à l’heure, Clémence : on doit recréer du lien avec des gens qui se sont réfugiés derrière leurs écrans, mais aussi avec des jeunes ou des moins jeunes qui sont déscolarisés, retraités, au chômage…
Un des principes qu’on a au Labo148, c’est que toutes les productions vont à la rencontre de quelqu’un. Pas seulement parce qu’on en a envie, mais parce que ce principe oblige à aller discuter et à s’ouvrir. Il faut aller rencontrer des gens pour faire un reportage, c’est la base et c’est aussi comme ça qu’on va faire du lien avec le quartier.
Comment on retisse du lien social dans une société qui tend à distendre les liens entre les gens ? Pour moi, c’est ça qu’il faut accélérer. Et les réseaux sociaux sont complémentaires de tout cela. On n’imagine plus s’en passer aujourd’hui car les nouvelles passent aussi par-là : celles de l’actualité comme celles de la famille. Mais il ne faut quand même pas oublier que voir les gens en physique, c’est cool aussi.
CB – Nous aussi, on cherche à valoriser le lien social à Parkour59. À la fois en sortant les jeunes de leur monde virtuel et en les poussant à découvrir l’extérieur, mais aussi, au dehors, en tissant des liens avec les personnes qui sont sur place. Quand on pratique dans un quartier, les habitants peuvent s’interroger sur le parkour par exemple ou sur ce qu’on vient faire chez eux, mais c’est là aussi qu’on va valoriser le lien social auprès des habitants du quartier et du territoire, en faisant de la médiation.
Il y a une accélération des images, c’est sûr, et sur les réseaux sociaux on voit des choses qui n’ont jamais été faites avant dans le parkour. En termes de performances, c’est fou ce que les gens sont capables de faire maintenant. Un exemple mythique : c’est le « Man Power », un très gros saut, qui a été créé par le fondateur du parkour, David Belle, à Paris. Déjà, à l’époque, le faire c’était incroyable. Avec les réseaux sociaux, des gens se sont mis à le refaire. Et puis, certains l’ont fait en salto avant, puis en gainer, et beaucoup de variations ont été faites. On a un cumul de performances qui finit parfois par se faire poser des questions de légitimité aux gens qui les regardent, à leur niveau.
Là, où il faut absolument ralentir en revanche, c’est que les jeunes, depuis leur portable, ne se rendent pas toujours compte des distances ou des performances réelles qu’ils voient défiler. Ce qui fait qu’ils se disent qu’ils sont capables de faire la même chose, même sans entraînement. C’est là où nous, en tant qu’association, on doit être vigilant aussi. Il nous faut ramener les gens qui veulent se lancer dans les salles pour qu’ils puissent d’abord tester les sauts, avec des tapis, en sécurité, pour connaitre leurs limites en termes de détente et leurs capacités.
Il y a une vraie nécessité à prendre du recul et à décélérer. Sur les réseaux sociaux, avec tous les gros sauts et les très grosses performances, il faut analyser nous-mêmes ce qu’on est capables de faire avant de réaliser d’énormes performances qui peuvent conduire à l’hôpital… D’un autre côté, les réseaux sociaux ont aussi permis de créer des réseaux de traceurs au niveau mondial ou de susciter énormément de créativité dans les mouvements et les performances. Il y a du bon et du mauvais, il faut réussir à trouver un équilibre au milieu de tout ça.
JP – Et puis, aujourd’hui, s’il n’y avait pas les réseaux sociaux, on ne serait pas visibles. Les réseaux institutionnels sont souvent larvés par des gens qui y sont depuis longtemps. Les réseaux sociaux peuvent aussi faire émerger de nouvelles personnes et de nouveaux formats. Personnellement, j’ai fait un bond de visibilité quand j’ai couvert les violences policières pendant les manifestations contre la loi travail. Les images ont des vies médiatiques qu’on ne maîtrise absolument plus. C’est aussi le jeu : accepter qu’à un moment donné il y a des choses qu’on doit lâcher.
Nos photos vivent et c’est tant mieux. Et en même temps, c’est grâce à cela que, parfois, on exerce de nouveaux pouvoirs. Quand on a des embrouilles avec des lieux ou avec des gens, on peut aussi utiliser Twitter – et parfois ça marche mieux que des appels laissés sans réponse. Une grosse partie de mon travail passe par les réseaux sociaux, mais il faut donner aux gens les outils pour les appréhender, et l’apprentissage est hyper important.
Il faudrait faire du parkour et de la sensibilisation aux images dès la maternelle dans toutes les écoles.
« Notre World Chase Tag, dans le cadre de la Bloc Party Urban Games a été un événement gratuit à l’Épeule qui a rassemblé beaucoup de monde ! »
Quels ont été vos moments préférés de cette 1ère édition d’URBX Festival ?
JP – Les concerts, même si c’est embêtant qu’ils soient payants – et aussi chers. IAM, notamment : c’est ma génération et je continue à les adorer.
Mais surtout, il y a un truc que je kiffe de ouf : ce sont les Off des festivals. Il y a SamiOne qui fait une exposition avec le B.A.R. jusqu’au 6 août. Je trouve bien aussi de valoriser les OFF dans les IN.
CB – Le concert du 23 juin a mêlé toutes les disciplines et a fait prendre conscience de la diversité des pratiques. Et dimancher dernier, évidemment : notre World Chase Tag, dans le cadre de la Bloc Party Urban Games. Un événement gratuit à l’Épeule, qui a permis de rassembler beaucoup de monde !
Qu’est-ce qu’URBX Festival ?
Depuis 2015, le rendez-vous annuel Expériences Urbaines a accueilli à Roubaix plusieurs grands noms des cultures urbaines qui ont fait la ville et ont participé à son rayonnement : Brahim Bouchelaghem, Marion Motin, JonOne, 13Blocks… Auxquels s’ajoutent des artistes nationaux et internationaux tels que Jef Aérosol, C215, Ola Volo ou Emmanuel Unaji. Pour prolonger le succès grandissant de ce projet, l’association Cultures Urbaines Roubaix, avec le soutien de la ville de Roubaix, présente URBX Festival à Roubaix et en métropole lilloise du 15 au 26 juin 2022. La programmation d’URBX Festival a été orchestrée par un comité artistique constitué notamment des partenaires culturels historiques de la ville : La Cave aux Poètes, La Condition Publique, Le Bureau d’Art et de Recherche, ESMOD, Anti_Fashion Project, Parkour59, Le Ballet du Nord « CCN&vous ! », la Cie Zarhbat, le Flow.
Qu’est-ce qu’I Love Roubaix ?
I Love Roubaix est le signal de ralliement de l’Office de Tourisme de Roubaix qui fédère et rassemble les amoureux•ses d’une ville cosmopolite, bouillonnante, attachante, qui se dévoile à qui se donne la peine de l’écouter et la regarder. Une ville à l’état brut, qui a su tirer parti de ses richesses passées pour en créer de nouvelles dans l’air du temps, et de son patrimoine industriel foisonnant pour se réinventer en destination touristique. Roubaix, c’est aussi une ville où s’invente le monde de demain, avec le déploiement renouvelé exceptionnel des cultures urbaines à chaque croisement de rues et un engagement autour de la démarche Zéro Déchet, qui mobilise tous les acteurs de la cité. Roubaix et son incontournable musée La Piscine, c’est aussi, dans l’imaginaire collectif, la ville indissociable de Paris-Roubaix.