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Paroles textiles avec les témoins de la fabrication textile #1

Exploration autour des souvenirs personnels, des usages du secteur textile, d’une époque, et de la valeur de la transmission, à travers « Paroles textiles », une collecte de témoignages de travailleurs du textile en 6 vidéos thématiques, réalisées par La Manufacture de Roubaix. 
À découvrir les 3 premières vidéos : du premier jour à l’usine et son rythme de travail, au quotidien fait de bruit, de poussière, d’odeurs et de chaleur. Extraits ci-dessous.

💻  Paroles textiles, à découvrir : ICI

Pierre, Sabine, Simon, Jacqueline, Karim et tous les autres sont patrons, tisserands, bobineuses ou créatrices textiles, et racontent leur premier jour de travail, les ambiances de l’usine, les moments forts de leur carrière.

La Manufacture
 « Mon premier jour à l’usine », une vidéo de Paroles textiles

« J’ai démarré, et c’était parti »

« Ma mère m’a conduite à l’usine, et puis voilà : c’était parti. J’étais très contente de me retrouver dans cette usine. C’était extraordinaire, une grande usine comme ça, pleine de machines, de bruit, de gens. Mais c’était très accueillant. Le personnel était très gentil. J’ai tout de suite été acceptée. Et puis, je me suis mise tout de suite dans l’ambiance : j’ai tout de suite été sur une machine, et on m’a tout de suite fait travailler à une bonne vitesse. J’ai démarré, et c’était parti. »
Liliane Lesaffre, couturière en confection  

« Ça a été immense pour moi, […] il y avait du monde, ça travaillait tout le temps, les métiers partaient de tous les côtés. Moi j’étais un peu surprise si vous voulez, je ne m’attendais pas à un bruit comme ça, ni à un rythme aussi rapide. C’est ça que je n’ai peut-être pas apprécié la première journée : le bruit et les mouvements des métiers. »
Jacqueline Guidez Bleuset, apprentie tisserande 

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« Avec un CAP de fabrication, je trouvais que j’avais déjà quand même un bon bagage. Quand je suis arrivé chez Lestienne, mon premier employeur, la personne qui m’a reçu, Monsieur Lestienne lui-même, m’a dit : « tu ne connais rien ». Et j’ai été pousser des caisses de fils dans la cave. Parce que quand le fil arrive dans un tissage on commence par le mettre à la cave, et après seulement, on va en faire du fil retors et le transformer en tissu. Donc cela m’a permis, par ce cheminement, de faire tous les stades, de façon très pratique et industrielle, de la fabrication et de la transformation du fil en tissu. »
Henri Deleporte, créateur de tissus d’habillement 

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« À l’époque, j’avais rendez-vous avec le patron à 08:00 le matin, et comme moi, dans le textile, j’arrivais toujours de bonne heure, je suis donc arrivé à 07:50. Le patron a ouvert la porte, a dit : « Vous êtes à l’heure, j’aime bien, je vous embauche » […] Et je suis resté 30 ans dans la même boite. J’ai fini ma carrière là, c’est quand même curieux. »
Pierre Cornard, tisserand  

 « Le matin, on devait pointer puis on allait au vestiaire… », une vidéo de Paroles textiles

« Dans la journée, on se côtoyait seulement à l’heure de la pause »

« Le matin, on devait pointer puis on allait au vestiaire pour se changer […] et on prenait place. »
Jeannine Van Hullebusch, ouvrière de filature 

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« On avait une petite pause de 10 minutes, entre 08:20 et 08:30. On prenait le petit déjeuner, à notre place. On sortait la bouteille thermos, les tartines, le fromage et on recommençait à travailler. C’était 10 minutes, pas une minute de plus. »
Liliane Lesaffre, couturière en confection

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« On partait au travail, il était 07:30 du matin. À midi j’avais un petit break qui me permettait de rentrer chez moi pendant une heure. Et puis retour à l’usine vers 13:30 jusqu’à 19:30-20:00, 6 jours par semaine, donc samedi matin compris. J’avais la « chance » à l’époque de faire 55 à 60 heures de travail par semaine, et cela ne me pesait pas du tout. »
Gerard Tiberghien, directeur d’une entreprise textile

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« La nuit c’était spécial. Mais les gens sont très solidaires, car en journée on avait une équipe de trente mécaniciens pour les dépannages, et la nuit on en avait deux. Donc, quand il y avait de gros dégâts, les agents de maîtrises donnaient un coup de main aux mécaniciens. Moi-même je donnais un coup de main, et ça nous rapprochait. Ce sont les plus belles années au niveau humain. »
Jean-Marie Pliez, responsable de production 

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« Dans la journée, on se côtoyait seulement à l’heure de la pause. Autrement il fallait toujours travailler parce qu’il y avait les surveillants qui passaient, et dès qu’on parlait, ça n’allait pas. »
Jeannine Van Hullebusch, ouvrière de filature 

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« Cette poussière qu’on respire pendant huit heures… », une vidéo de Paroles textiles

« La communauté textile c’est cela : la chaleur, la poussière et le bruit »

« Cette poussière qu’on respire pendant huit heures… »
Michel Brion, ouvrier du textile polyvalent 

« À des moments, on ne voyait pas le bout de la salle, tellement il y avait de la poussière. »
Jean-Marie Pliez, responsable de production 

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« Moi ce qui m’a surtout marqué, c’est l’odeur des matières naturelles. L’odeur du coton, l’odeur quand vous rentrez dans un tissage, de cette huile de moteur, chaude. »
Jean-Marc Vienot, dirigeant d’une entreprise textile 

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« Mon environnement sonore, c’est le bruit des machines à coudre, la swifteuse, le bruit des ciseaux qui vont couper le tissu, couper dans le droit fil, tirer sur des pièces de tissus, remettre sur des mandrins. »
Alexandra Bizouerne, dirigeante d’une société de vente de produits textiles 

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« Le bruit d’une peigneuse tournait autour de 90/95 décibels, donc vous imaginez dans la salle où l’on travaillait, il y avait 400 peigneuses. Donc 400 peigneuses à 90 décibels, je ne vous dis pas le bruit, plus les autres machines. Mais on s’y habitue. »
Karim Feddal, cardeur 

« Moi, pour couper un peu le son, je mettais du coton dans mes oreilles. »
Jeannine Van Hullebusch, ouvrière de filature 

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« On parlait par gestes et on parlait aussi très fort […]et même encore maintenant, j’ai toujours tendance à avoir le verbe un peu haut.  »
Pierre Cornard, tisserand 

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« Maintenant, je ne supporte plus le bruit. […] La communauté textile c’est cela : la chaleur, la poussière et le bruit. »
Michel Brion, ouvrier du textile polyvalent 

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© La Manufacture

La Manufacture à Roubaix

La Manufacture est un musée dédié à la mémoire et à la création textile. Dans un cadre industriel authentique, La Manufacture présente une collection de métiers à tisser, toujours en fonctionnement, depuis les métiers à bras du Moyen Age aux machines informatisées d’aujourd’hui. Soucieuse de représenter toutes les facettes du textile, La Manufacture est aussi un lieu dédié à la création : une programmation d’expositions temporaires offre un regard artistique contemporain sur le textile, et des ateliers de pratique textile sont mis en place toute l’année. 

📍  29 avenue Julien Lagache, Roubaix